dimanche, mai 19, 2024
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Egypte. Prison ferme pour des influenceuses égyptiennes

En Egypte, se trémousser sur la dernière chanson en vogue ou chanter en playback sur les réseaux sociaux peuvent coûter cher : la semaine dernière, six jeunes utilisatrices de l’application Tik-Tok, suivies par des milliers d’internautes, ont été condamnées à des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme. Les autorités justifient cette décision en invoquant une «incitation à la débauche». 

«Violation des valeurs familiales»

Le 27 juillet, cinq Egyptiennes d’une vingtaine d’années ont été condamnées par le tribunal du Caire à deux ans de prison ferme assorties d’une amende de 300 000 livres égyptiennes (16 000 euros). Leur tort : s’être exposées sur les réseaux sociaux devant des milliers d’internautes. Parmi elles figure Haneen Hossam, une étudiante interpellée en avril après avoir publié sur Tik Tok un clip annonçant à ses 1,3 million de followers que les femmes pouvaient gagner de l’argent en travaillant avec elle sur les réseaux sociaux. Les autorités y ont vu une promotion de la prostitution.

Deux jours plus tard, une sixième femme, Manar Samy, est à son tour soumise à une amende d’un montant identique, ainsi qu’à une peine de trois ans de prison ferme. Les autorités judiciaires lui reprochent une «incitation à la débauche et une violation des valeurs familiales égyptiennes». La justice pointe également une «diffusion de contenus portant atteinte aux bonnes mœurs». 

Une répression accrue sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont particulièrement scrutés par les autorités égyptiennes ces dernières années. Au pouvoir depuis 2014, le président égyptien Al-Sissi a fait adopter en 2018 une loi sur la cybercriminalité. Celle-ci a vocation à surveiller les internautes et bloquer les sites accusés de compromettre la sécurité nationale. Dans le collimateur des autorités : militants, défenseurs des droits de l’homme et désormais influenceurs. Cette «régulation des médias» voulue par le président égyptien connaît des dérives. Sous prétexte de lutte pour la protection nationale, des comédiens, universitaires, journalistes et dissidents politiques ont été écroués. «Cela n’a rien à voir avec la protection des valeurs de la société. Il s’agit de surveiller et de contrôler Internet», se révolte Marwa Fatafa, membre de l’ONG Access Now qui promeut et défend les droits des internautes. «Se posant en arbitres de la moralité, les autorités égyptiennes édictent des lignes rouges sur ce qui est permis socialement et politiquement sur Internet», estime la militante, pour qui «désormais, la répression en ligne s’étend aussi aux activités apolitiques».

Ces dernières semaines, l’application Tik Tok, très populaire chez les 15-25 ans, s’est attiré les foudres de plusieurs pays pour différentes raisons. Le gouvernement pakistanais, lui aussi très conservateur, a appelé la plateforme à modérer les contenus jugés «immoraux, obscènes et vulgaires», dénonçant des effets jugés «extrêmement négatifs sur la jeunesse». La fronde contre l’application chinoise a même atteint la Maison Blanche : le 31 juillet, Donald Trump a fait part de son intention de l’interdire sur le sol américain, reprochant à l’application détenue par le groupe chinois ByteDance de subtiliser les données personnelles de ses utilisateurs pour les fournir au gouvernement de Pékin. La plateforme spécialisée dans la publication de courtes vidéos fait d’ailleurs l’objet d’une enquête par le CFIUS, l’agence américaine chargée de s’assurer que les investissements étrangers ne présentent pas de risque pour la sécurité nationale. Selon Reuters, le gouvernement américain se serait finalement ravisé, accordant à Microsoft un délai de quarante-cinq jours pour négocier l’acquisition de la branche américaine de l’application. (Libération)

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