Les visites politiques continuent chez le chérif de Nioro, au nord-ouest du pays. Le guide religieux Bouyé Haïdara reçoit chez lui, à plus de 400 kilomètres au nord de la capitale, les tenants du pouvoir comme les leaders de la contestation, depuis le début de la crise politique malienne. Après l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan et médiateur de la Cédéao, c’était au tour de l’imam Dicko de rencontrer le chérif.
Entre les deux autorités religieuses, les liens sont anciens. Ils remontent à 2009 lorsque l’imam Dicko et le chérif de Nioro s’associent contre le nouveau code de la famille. Leur deuxième succès politique est plus récent : en avril 2019, « ils ont soufflé dans la même direction pour la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga » confie Mohamed Kimbiri, le président du collectif des associations musulmanes du Mali. L’année dernière, le 12 avril, le chérif jure de faire tomber IBK avant la fin de son mandat.
Mais si l’imam Dicko lui a rendu hommage lors de la seconde manifestation organisée par le M5, Bouyé Haïdara n’a jamais demandé publiquement la démission du président, comme le réclame la contestation. Il reçoit même des tenants du pouvoir : le Premier ministre Boubou Cissé le 17 juin ou encore il y a quelques jours l’un de ses proches, Abdoulaye Daffé, le nouveau ministre des Finances.
L’influence du chérif sur la vie politique malienne repose à la fois sur la légitimité historique – il est présenté comme le dernier fils de Cheikh Hamallah, fondateur de la branche hamalliste de la Tijaniya – mais aussi sur son pouvoir économique. Côté finance, « c’est un parrain » confie un proche de la présidence, « mais il donne seulement à qui peut faire fructifier son business », conclut-il. (Rfi.fr)