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Fifa. Le procès Valcke – Al-Khelaïfi dévoile des relations troubles au sommet du football

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Jugés en Suisse, le patron de beIN et du PSG Nasser al-Khelaïfi et l’ex-numéro deux de la Fifa Jérôme Valcke ont décrit mercredi une gestion du football mondial où s’entremêlent négociations multiples et arrangements personnels.

Le patron de beIN et du PSG Nasser al-Khelaïfi et l’ancien numéro deux de la Fifa Jérôme Valcke sont jugés en suisse depuis lundi . Au troisième jour du procès, mercredi 16 septembre, les deux hommes ont levé le voile sur le sommet du football mondial, où les négociations multiples et arrangements personnels semblent ne faire qu’un.

Censée éclairer l’un des scandales autour de la Fifa, l’affaire de droits télévisés jugée depuis lundi par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone prend une tournure paradoxale : les faits se précisent, mais leur lecture judiciaire se trouble.

Au commencement, à l’été 2013, il y a un Jérôme Valcke aux abois : bras droit depuis 2007 du patron déchu de la Fifa Sepp Blatter, son « train de vie » dépasse ses revenus pourtant confortables, a reconnu mercredi le Français de 59 ans, qui risque cinq ans de prison.

L’ancien journaliste de Canal+, alors endetté d’environ 10 millions de francs suisses (9,3 millions d’euros) pour deux biens immobiliers, s’achète un yacht à 2,4 millions d’euros, et rêve de l’ancrer face à la « Villa Bianca », luxueuse demeure sur la Côte d’Émeraude sarde.

« Cette maison était un bien que je trouvais exceptionnel. J’ai essayé jusqu’au bout de trouver des solutions », racontait la veille l’ex-dirigeant, qui signe en août 2013 une promesse d’achat pour 5 millions d’euros sans savoir comment l’honorer.

Contrat généreux

Entre en scène Nasser al-Khelaïfi, chef aux multiples casquettes de la diplomatie sportive qatarie, qui encourt lui aussi cinq ans de prison pour « instigation à gestion déloyale », après avoir conclu en janvier un accord avec la Fifa pour qu’elle retire sa plainte pour « corruption ».

Alors qu’il accumule les casquettes de ministre qatari, de patron du PSG et de beIN Media, ainsi que de membre du conseil exécutif de l’UEFA, le dirigeant de 46 ans déclarait en 2017 « entre 15 et 25 millions de dollars » de revenus annuels. À cela, s’ajoutait une fortune personnelle « entre 70 et 100 millions de dollars », rappelle le président.

Laconique face à la cour, Nasser al-Khelaïfi reconnaît trois rendez-vous en septembre et octobre 2013 avec Jérôme Valcke. Dans la foulée, l’accusation lui reproche d’avoir acheté la Villa Bianca via une société, d’en avoir transféré la propriété au frère d’un de ses proches collaborateurs, avant d’en faire bénéficier le numéro 2 de la Fifa pendant 18 mois.

Pour le parquet suisse, l’interprétation est limpide : les dirigeants ont conclu un « pacte de corruption » destiné à favoriser l’obtention par beIN des droits médias des Coupes du monde 2026 et 2030 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, selon un contrat signé en avril 2014 avec la Fifa.

« Aucun rapport », martèlent tour à tour les deux hommes, à l’aise sur ce sujet tant le contrat beIN est généreux : loin de léser l’instance du football, la chaîne qatarie a offert 60 % de plus que pour les Mondiaux 2018 et 2022, alors même qu’elle avait déjà tué toute concurrence.

L’ombre du Mondial qatari

L’affaire serait donc « privée », assurent-ils, sans éclaircir totalement sa motivation : Jérôme Valcke reconnaît avoir soumis son problème de financement à Nasser al-Khelaïfi, au nom de leurs « relations amicales depuis des années ».

Le patron de beIN assure, de son côté, avoir simplement facilité le « projet d’investissement » du frère de son collaborateur et ami, parce que ce dernier « ne pouvait pas constituer une société » faute de nationalité qatarie.

Mais l’audience a par ailleurs montré la multiplicité des sujets évoqués entre les deux hommes. Au-delà des droits télévisés, l’un de leurs rendez-vous a porté sur un projet d’investissement à Los Angeles aux côtés de David Beckham, décliné par Nasser al-Khelaïfi, tandis qu’un autre les a conduits en jet privé auprès de l’émir du Qatar pour avancer dans l’organisation du Mondial-2022.

« Il était fondamental », expliquait Jérôme Valcke mardi, « de négocier avec l’ensemble du monde du football un accord où la Fifa changerait le calendrier pour mettre la Coupe du monde en hiver », alors même qu’une telle décision, finalement entérinée en 2015, bouscule les calendriers et limite les recettes en raison de la concurrence d’autres compétitions.

Pour le collectif de médias EIC, qui intègre notamment le site français Mediapart et l’Allemand Spiegel et analyse les « Football Leaks », l’appui de Jérôme Valcke au déplacement du Mondial en hiver pourrait être la réelle contrepartie à l’usage de la Villa Bianca. Les deux hommes ont cependant toujours nié et la justice suisse n’a pas exploré cette piste. (France24)

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