lundi, mai 20, 2024
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Cameroun. Cinq militaires condamnés pour le meurtre de deux femmes et de leurs enfants

Quatre militaires camerounais ont été condamnés à dix ans de prison ferme lundi et un autre à deux ans pour l' »assassinat » en 2015 de deux femmes et de leurs deux enfants, criblés de balles dans le nord du pays.

Deux femmes, les yeux bandés, ainsi qu’une fillette et un bébé exécutées sommairement par des militaires. Cette scène, filmée en 2015 dans l’extrême-nord du Cameroun et diffusé sur les réseaux sociaux avait suscité un véritable scandale.

Lundi 21 septembre, cinq ans après les faits, le tribunal militaire de Yaoundé a condamné cing militaires à des peines d’emprisonnement pour « assassinat ». Le gouvernement avait d’abord nié l’implication de son armée, avant de faire arrêter sept suspects. Tous avaient plaidé non coupable mais seulement deux ont été acquittés.

Le drame s’était déroulé en 2015 dans la localité de Zeleved, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, où le groupe jihadiste nigérian Boko Haram et une branche dissidente multiplient les attaques meurtrières ces dernières années contre les civils et l’armée.

Une « fake news » bien réelle

Lorsque la vidéo était devenue virale sur les réseaux sociaux en 2018, le pouvoir du président Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis 1982, ainsi que l’armée avaient fermement nié l’implication de leurs soldats, parlant de « fake-news » et d' »horrible trucage ». Mais il s’était rétracté en août 2018, annonçant l’arrestation de sept militaires. 

Lundi 21 septembre, le tribunal militaire de Yaoundé a prononcé son verdict après de très nombreux ajournements du procès.

Trois militaires, Ciriaque Hilaire Bytlaya, Jean Tchanga et Barnabas Donossou, ont été reconnu « coupables des faits de coaction d’assassinat », avant d’être condamnés chacun à 10 ans de prison ferme.

La même peine a été infligée au capitaine Étienne Fabassou, chef des accusés au moment des faits, reconnu coupable de « complicité d’assassinat ».

Un cinquième militaire, Ghislain Ntienche, a, pour sa part, écopé de deux ans de prison ferme pour « violation de consignes » dans le cadre de la même affaire.

L’avocat du capitaine Fabassou a déjà annoncé qu’il comptait faire appel. Selon lui, la procédure judiciaire n’a pas été suivie car « de l’enquête à la phase de jugement en passant par l’information judiciaire, les ayants-droits des victimes n’ont jamais comparu et n’ont pas été entendus ».

Tollé international

Les attaques dans l’Extrême-Nord sont le fait de Boko Haram ou de l’Iswap (le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest, selon son acronyme en anglais), qui multiplient, ces dernières années, les assauts très meurtriers visant les militaires et les civils dans cette région du Cameroun comme dans les régions limitrophes du Nigeria, du Tchad et du Niger, sur le pourtour du lac Tchad.

Les organisations internationales de défense des droits humain dénoncent également régulièrement des exactions et crimes commis contre des civils par les forces de sécurité au Cameroun, dans l’Extrême-Nord mais aussi dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Dans ces deux régions à majorité anglophone, l’armée affronte depuis trois ans des groupes indépendantistes armés.

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En février, trois militaires camerounais ont été inculpés de l' »assassinat » d’au moins 23 civils selon l’ONU, dont 10 enfants, dans un village des zones anglophones, Ngarbuh, un massacre qui avait déclenché un tollé international, contraignant le pouvoir à admettre la responsabilité de ses soldats, après l’avoir longtemps niée.

L’insurrection de Boko Haram, elle, est née en 2009 dans le Nord-Est du Nigeria avant de se propager dans les pays voisins, au Cameroun, au Niger et au Tchad. Depuis cette date, plus de 36.000 personnes (principalement au Nigeria) ont été tuées, et 3 millions ont dû fuir leur domicile, selon l’ONU.

En 2016, le groupe s’est scindé en deux branches : la faction dirigée par son chef historique, Abubakar Shekau, et l’Iswap, affilié au groupe État islamique. (France24)

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