Le phénomène est récurrent dans cette zone et cette année s’annonce encore plus difficile. La dernière étude sur l’insécurité alimentaire (avril 2020) estime qu’1,6 million de personnes dans le Grand Sud ont des difficultés d’accès à la nourriture à cause de la sécheresse dont 500 000 confrontées à une insécurité alimentaire sévère et dans le besoin d’une assistance urgente.
Une mission d’urgence a été déployée en début de semaine à Amboasary Atsimo et une réunion s’est tenue mercredi 30 septembre entre les autorités locales et les organisations de lutte contre la faim après un appel à l’aide du maire de l’une des communes de ce district.
Dans la commune d’Ifotaka en effet, comme dans d’autres villages du district d’Amboasary Atsimo, les cultures n’ont presque rien donné. Une zone de l’extrême sud d’habitude plutôt épargnée par la sécheresse et la faim (le Kere en malgache). C’est ce qu’explique le gouverneur de la région Anosy Jerry Hatrefindrazana, qui s’est rendu sur place.
« Il y a des communes du district d’Amboasary qui étaient productives et qui alimentaient d’autres communes mais actuellement le district est aussi touché par cette sécheresse. La cause, on la connaît déjà, c’est le changement climatique. Il n’y a pas eu de pluie depuis neuf mois ici. La première stratégie que l’on a adoptée, c’est de secourir les gens en termes d’action urgente mais on a aussi regardé les solutions à long terme pour éviter la répétition du Kere dans ce district d’Amboasary. Selon le rapport du maire d’Ifotaka, il y a eu huit enfants morts à cause du manque de nourriture mais on n’a pas encore la certitude que c’est la famine qui a tué ces enfants. C’est aussi pour ça qu’on est en train de mettre en place des cliniques mobiles et des docteurs pour suivre de près la santé de ces gens des enfants qui sont touchés. »
Des vivres et compléments nutritionnels ont été distribués à 750 habitants à court de nourriture et sans ressources pour survivre à Ifotaka et Marovahatsy par les équipes du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes et du Programme alimentaire mondial. Moumini Ouedraogo est le représentant de cette organisation à Madagascar.
« L’information n’est pas remontée assez tôt peut-être ni au niveau des autorités et aussi à notre niveau mais dès qu’on a été saisi, une équipe s’est rendue sur place. Ce sont des gens qui au fil du temps, peut-être l’année dernière, étaient pratiquement au bord du gouffre. IIs n’ont pas pu produire et cette année aussi. Donc ils vendent tous les biens de leur maison jusqu’à la marmite. Un des éléments lorsqu’on fait les études sur le terrain, c’est quand les femmes amènent les marmites au marché pour vendre, ça veut dire qu’il n’y a plus rien dans la maison. On a vendu les derniers poulets. On a vendu la chèvre. C’est ce que l’on constate dans des situations pareilles. »
Des recensements sont en cours pour évaluer les besoins des autres communes du district. Le PAM prévoit d’assister 300 000 habitants du Grand Sud à travers des distributions de vivres ou d’espèces. En plus des effets de la sécheresse, les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 aggravent la situation dans cette zone en limitant l’accès des ménages à des aliments diversifiés sur les marchés locaux, précise l’organisation. (Rfi.fr)