La colère contre les violences policières est toujours vive au Nigeria et malgré la suppression de la brigade anti-criminalité, la jeunesse des classes moyennes et classes supérieures des principales villes du Sud du pays refuse de rentrer dans le rang. Les manifestations se poursuivent et les slogans des marcheurs visent désormais ouvertement les élites politiques nigérianes.
Hier lundi, à Abuja les autorités ont renforcé la protection des lieux du pouvoir. La police a quadrillé le centre de la capitale et l’armée a renforcé cette présence policière notamment autour des grands axes menant vers les quartiers des ministères, de l’Assemblée nationale, des ambassades et de la Banque centrale.
Des manifestants ont joué au chat et à la souris toute la matinée avec les forces de sécurité qui tentent de les empêcher d’occuper certains lieux. Mais l’aéroport de Lagos et plusieurs grands axes ont été bloqués par la jeunesse.
« Ce n’est pas la faim qui me pousse à crier dans la rue ! Je manifeste au nom de mes futurs enfants qui ne sont pas encore nés… Si on continue comme ça au Nigeria, les prochaines générations n’auront pas à manger ! », lance un manifestant un cortège qui bloque la circulation à Jabi, une zone résidentielle et commerciale pas très loin du centre ville.
A 42 ans, c’est la première fois que Joshua ose bloquer la circulation dans cette portion de rue de la capitale. Il se sent fort, soulagé de pouvoir exprimer des années de frustrations tout comme Grace, pancarte à la main et décidée à ne plus se taire. « Je suis en colère… j’ai tellement la rage, comment pouvons-nous être dans un pays et vivre sans paix, sans jamais être joyeux ? Sans aucun moment de bonheur à partager ? Le prix du carburant a encore augmenté, ça va continuer… Et pour la nourriture? Un sac de 50kg riz s’achète maintenant contre l’équivalent de 80 euros. Pas de sécurité ! Nos vie ne valent rien, ici au Nigeria ! »
Ils sont près d’un millier de personnes, en majorité âgés de moins de 30 ans.
Dans leur collimateur, la classe politique nigériane. Et en particulier Muhammadu Buhari, le président nigérian. « Nous avons réclamé l’arrêt de cette brigade anticriminalité le premier jour, lance excédé Prince Ironsi. Le président n’a rien dit, le deuxième jour, il n’a rien dit, le troisième jour, il n’a rien dit… Le président est sourd, il ne nous entend pas… Parce qu’il laisse des citoyens être brutalisés, Muhammadu Buhari devrait démissionner ».
Il y a peu de présence policière dans ce quartier de Jabi, alors qu’à moins de 10 km à vol d’oiseau, l’armée et la police sont déployées autour de la présidence , du Parlement et de la Banque centrale. (Rfi.fr)