Accueil ALERTE BIELORUSSIE. Loukachenko évoque son éventuel départ de la présidence

BIELORUSSIE. Loukachenko évoque son éventuel départ de la présidence

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Au cours d’un déplacement, Loukachenko a dessiné quelques traits du projet de réforme constitutionnelle et a annoncé qu’il ne sera plus président une fois qu’elle sera adoptée.

La Biélorussie sans Alexandre Loukachenko ? Le dictateur pense désormais à son départ, encore imaginable il y a quelques mois. «Je ne serai plus président quand la nouvelle Constitution sera en place», a-t-il déclaré ce vendredi midi, selon Belta, l’agence de presse du pouvoir.

En visite dans un hôpital, Loukachenko a fait un point sur le succès de la lutte contre le Covid-19 en Biélorussie – succès qui tient essentiellement par l’absence de chiffres fiables. Au passage, il a évoqué en quelques mots sa vision de ce que devrait être la nouvelle Constitution. Le président biélorusse a tenu à rassurer ses concitoyens : «La démocratie n’est pas le sujet.» Mieux : son pays n’en a pas besoin, rappelant qu’au temps de Gorbatchev, tous les responsables étaient élus, ce qui «a mené à la perte du pays et à la chute de l’URSS».

Signe d’ouverture

Non, ce qui l’inquiète, c’est qu’un nouveau président prenne les rênes et se saisisse des pouvoirs très étendus dont il bénéficie. «On ne peut pas donner cette Constitution à un président inconnu, ce serait un désastre», a expliqué Loukachenko. Se sentirait-il menacé ? «On bénéficie de l’une des Constitutions les plus sérieuses du monde, avec la Russie et le Kazakhstan, qui dépend entièrement des décisions du président», a-t-il rappelé. Après les élections frauduleuses du mois d’août, de nombreux Biélorusses reconnaissent Svetlana Tikhanovskaïa comme leur «présidente élue». Elle bénéficie d’un soutien international, notamment celui de l’Union européenne, qui estime que les résultats proclamant la victoire de Loukachenko avec 80% des suffrages ont été falsifiés.

Depuis le début de la contestation populaire, la réforme constitutionnelle est le principal signe d’ouverture de l’autocrate pour tenter de calmer les manifestants. Sans grand succès pour l’instant, les mobilisations se poursuivent chaque week-end en dépit de la brutalité de la répression policière.

Père de la nation

De cette éventuelle réforme, on sait peu de choses. Le dictateur reste vague et multiplie les petites phrases sans avoir lancé de processus clair. Sur la possibilité de consulter le Parlement et de mettre en place des partis politiques pour travailler sur le projet constitutionnel, il a lancé des mises en garde. La création de partis pourrait mener à la division de la société biélorusse et faire émerger des groupes avec des intérêts différents, une très mauvaise idée, donc, pour Loukachenko. «Mais si c’est ce que vous voulez et que la nation vote en faveur de cela, c’est ce qu’il sera fait. Cette Constitution n’est là pour répondre à mes attentes. Je ne serai plus président quand la nouvelle Constitution sera mise en place», a-t-il détaillé.

Comme à son habitude, le dictateur se pose en garant de la paix sociale. Si Loukachenko ne se voit plus à la tête de la Biélorussie une fois sa nouvelle Constitution en place, on comprend donc sa réticence à lancer le chantier de sa réforme. (Libération)

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