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MAURITANIE. Les grandes dates de l’histoire politique

Pendant 17 ans, l’histoire de la Mauritanie s’est confondue avec celle de Moktar Ould Daddah, le père de l’indépendance. Mais la démocratie a été bien malmenée dans ce pays, balloté au rythme des nombreux coups d’État militaires, réussis ou avortés, qui ont émaillé la vie des Mauritaniens de 1978 à 2008.

1920 : La Mauritanie rejoint  l’Afrique occidentale française (AOF). Elle est administrée depuis Saint-Louis au Sénégal.

27 octobre 1946 : Avec la promulgation de la IVe Constitution qui crée l’Union française, la Mauritanie devient un territoire d’Outre-mer. Le 10 novembre, Horma Ould Babana est le premier député mauritanien à entrer à  l’Assemblée nationale française.

Juin 1957 : Le premier Conseil de gouvernement, tenu sous la tente, se prononce pour le transfert du chef lieu de Saint-Louis à Nouakchott. Le décret est signé par la France le 27 juillet.

28 septembre 1958 : Le oui à l’intégration à la Communauté française l’emporte largement lors du référendum. La Mauritanie devient une république autonome. Le Maroc revendique officiellement la Mauritanie.

28 novembre 1960 : À Nouakchott, Moktar Ould Daddah, alors président du gouvernement provisoire, proclame l’indépendance de la République islamique de Mauritanie.

5 juin 1961 : La  nouvelle Constitution instaure un régime de type présidentiel. Deux mois plus tard, Moktar Ould Daddah est élu premier président de la Mauritanie. Après avoir formé un gouvernement d’union nationale avec le principal parti d’opposition, il parvient à fondre les quatre plus grandes formations politiques en un parti unique, le parti du peuple mauritanien (PPM), qui deviendra officiellement le seul parti autorisé quatre ans plus tard. En octobre, la Mauritanie devient le 103ème membre de l’ONU, un an après avoir vu sa candidature refusée, l’URSS ayant opposé son veto.

« Mais quelles étaient les motivations qui avaient poussé l’Union soviétique à opposer son veto à notre admission ? Il y en avait deux, l’une circonstancielle, la moins importante, était la pression des États solidaires du Maroc; l’autre, la seule déterminante, procédait de la volonté de l’URSS qui, jusque là, avait échoué, dans ses nombreuses tentatives de faire entrer la République de Mongolie aux Nations unies. (…) Sa délégation à New York fit à nos amis le marchandage machiavélique suivant: je laisse entrer la Mauritanie à l’Organisation si Formose retire son veto à l’admission de la Mongolie ».

Moktar ould Daddah dans « La Mauritanie contre vents et marées »

Février 1966 : Suite au vote d’une loi sur l’arabisation de l’enseignement secondaire, des troubles opposent les communautés noires et maures. Les établissements resteront fermés jusqu’à la fin de l’année scolaire.

7 août 1966 : Moktar Ould Daddah est élu président de la république pour un deuxième mandat.

26 septembre 1969 : À l’issue d’une rencontre avec Moktar Ould Daddah, Hassan II reconnait officiellement la Mauritanie, neuf ans après son indépendance.

9 août 1971 : Moktar Ould Daddah est élu président de la République pour un troisième mandat.

1973 : La Mauritanie sort de la zone franc et une monnaie nationale est crée, l’Ouguiya. Le pays adhère à la Ligue arabe.

28 novembre 1974 : La MIFERMA, la société anonyme des mines de fer de Mauritanie*, est nationalisée et devient la Société nationale industrielle et minière (SNIM).

1975 : Fin mai, l’Espagne annonce son retrait du Sahara occidental. Le 14  novembre, le traité de Madrid aboutit, en accord avec l’Espagne, à un partage du territoire de l’ancienne colonie entre le Maroc et la Mauritanie. La Mauritanie est déclarée souveraine sur la partie méridionale du Sahara occidental. En décembre, le Polisario** qui revendique l’indépendance de ce territoire, lance des raids sur la Mauritanie. Le mois suivant, en janvier 1976, l’armée mauritanienne prend possession de la région de Dakhla et en fait sa 13e région, renommée Tiris el-Gharbia.

8 août 1976 : Moktar Ould Daddah est élu président de la République pour un troisième mandat.

10 juillet 1978 : Dans un contexte de crise suscité par la guerre avec le Polisario et les difficultés financières qui en résultent, accentuées par une période de sécheresse qui décime le bétail, Moktar Ould Daddah est déposé par un coup d’État. Le Comité militaire de redressement national (CMRN) dirigé par le lieutenant-colonel Mustapha Ould Saleck, placé quelques mois plus tôt à la tête de l’armée par le président Daddah, prend le pouvoir. Après 14 mois d’emprisonnement, Moktar Ould Daddah est libéré sous la pression internationale mais contraint à l’exil.

1979 : Le Comité militaire de salut national (CMSN) remplace le CMRN et le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif qui en est le vice-président devient Premier ministre. Mais le mois suivant, Ahmed Ould Bouceif meurt dans un accident d’avion. Le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah, futur putschiste, lui succède comme Premier ministre. En juin, Mustapha Ould Saleck démissionne de la présidence du CMSN, il est remplacé par Mohamed Mahmoud Ould Louly.

5 août 1979: La Mauritanie signe l’accord d’Alger avec le Front Polisario : elle renonce ainsi à sa souveraineté sur le Tiris el-Gharbia, aussitôt annexé par le Maroc.

4 janvier 1980 : Mohamed Mahmoud Ould Louly est destitué par le lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Haïdallah. Mohamed Khouna Ould Haïdallah instaure la charia. L’esclavage qui avait été déclaré illégal en 1960 et 1966, sans effet, est officiellement aboli. Mais cette abolition ne sera appuyée d’une loi criminalisant cette pratique qu’en 2007.

16 mars 1981 : Le parti d’opposition Alliance pour une Mauritanie démocratique (AMD) tente un coup d’État, il échoue. La Mauritanie, qui accuse le Maroc d’avoir soutenu la tentative de l’AMD, rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.

12 décembre 1984
 : Le colonel Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya, ancien Premier ministre et ministre de la défense, alors chef d’État major des armées et président du Comité militaire de salut national, profite d’un voyage de Mohamed Khouna Ould Haïdallah pour faire un coup d’État, sans effusion de sang.

Septembre 1986 : La parution d’un Manifeste du négro-africain opprimé  dénonçant un «apartheid» entre Maures et Négro-Mauritaniens suscite des troubles ethniques. Accusés«d’atteinte à l’unité nationale», plusieurs dizaines de personnes dans les milieux négro-africains sont arrêtés.***

Octobre1987: Les autorités dénoncent un complot d’officiers noirs du FLAM (Forces de libération des africains en Mauritanie). 51 personnes sont inculpées, trois officiers sont condamnés à mort et exécutés, 18 reçoivent une peine de travaux forcés à perpétuité. C’est la dernière fois que la peine de mort est appliquée en Mauritanie.

1989-1991 : En février, à la suite d’un incident à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, de violents affrontements éclatent entre Mauritaniens et Sénégalais, mais aussi entre nationaux maures ou négro-africains. De violentes émeutes anti-mauritaniennes ont lieu à Dakar, à l’image des répressions anti-sénégalaises qui ont lieu côté mauritanien, provoquant l’exode et l’expulsion de dizaine de milliers de personnes. Selon les organisations des droits de l’homme, plusieurs centaines de personnes trouvent la mort, et notamment dans les rangs de l’armée, qui exerce entre 1990 et 1991 une sanglante répression contre ses éléments négro-mauritaniens.
La rupture des relations entre Nouakchott et Dakar, symbolisée par la fermeture de la frontière, durera jusqu’en 1992. Débuté en janvier 2008, le rapatriement des réfugiés du Sénégal en Mauritanie a atteint les 20 000 personnes en novembre 2010.

20 juillet 1991 : Une nouvelle Constitution instaure le multipartisme (à l’exception des partis islamistes) et la liberté de la presse.

24 janvier 1992 : Maaouiya Ould Taya est élu président avec 62% des suffrages; son parti, le Parti républicain démocratique et social (PRDS) remporte les législatives. Des élections à la régularité contestée par l’opposition.

1994 : La Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) est la première centrale syndicale indépendante à être officiellement reconnue.

1997 : Cinq partis d’opposition, dont l’Union des forces démocratiques (UFD) d’Ahmed Ould Daddah, créent un front uni de l’opposition mais boycottent l’élection présidentielle de décembre, remportée par le président Taya avec plus de 90% des voix.

1999
 : La Mauritanie est le troisième pays arabe, derrière l’Égypte et la Jordanie, à nouer des liens diplomatiques avec Israël. Une ambassade israélienne est ouverte à Nouakchott.****

2000 : Le parti d’Ahmed Ould Daddah, l’Union des forces démocratiques (UFD-Ere nouvelle) est dissous en octobre. Le 9 décembre, Ahmed Ould Daddah est emprisonné, il est libéré 3 jours plus tard.

2001 : Le régime de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya s’assouplit : 6 nouveaux partis sont reconnus. En juillet, l’ancien président Moktar Ould Daddah est de retour à Nouakchott après 23 ans d’exil. Il décède en octobre 2003. En septembre, la visite de Mohamed VI qui a succédé en 1999 à son père Hassan II à la tête du Royaume du Maroc marque un tournant dans les relations entre les deux pays, jusqu’alors très houleuses.

2002 : Le parti Action pour le changement de Messaoud Ould Boulkheir, qui milite pour les droits des Noirs et des anciens esclaves est interdit.

8 juin 2003 : Les troupes loyales au président Maaouiya Ould Taya parviennent à reprendre le contrôle de la capitale après de violents combats contre des soldats putschistes, surnommés «Les Cavaliers du changement» et menés par l’ancien commandant de la garde nationale, Saleh Ould Hannena et l’officier Mohammed Ould Cheikhna. Le bilan officiel est de 15 morts et une dizaine de blessés. En novembre, Ould Taya est réélu avec 67% des voix. L’opposition dénonce des fraudes.

9 août 2004 :  Ould Taya annonce avoir déjoué une nouvelle tentative de coup d’État des Cavaliers du changement. Plusieurs officiers de l’armée sont arêtés. Le 25 septembre, le capitaine Abderhamane Ould Mini, l’un des cerveaux présumés du 8 juin 2003, est emprisonné. Ce qui n’empêche pas une nouvelle annonce de coup d’État raté, 3 jours plus tard, suivi par une nouvelle série d’arrestations, dont celle de Saleh Ould Hannena, condamné avec Ould Mini à perpétuité.

Avril 2005 : Une cinquantaine d’arrestations vise les milieux islamistes accusés de planifier des actions terroristes avec des djihadistes liés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le GSPC revendique justement une attaque sanglante perpétrée le 4 juin contre la base militaire de Lemgheity au nord-est de la Mauritanie.

3 août 2005 : Le président Ould Taya est renversé par un Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) présidé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall, un des plus anciens compagnons de route d’Ould Taya et son directeur de la Sûreté pendant 18 ans. Le coup d’État se déroule sans effusion de sang, les putschistes ayant profité de l’absence du président, en déplacement en Arabie saoudite pour les obsèques du roi Fahd. La junte revendique un pouvoir de deux ans pour préparer des élections démocratiques.

2006 : En avril, Ely Ould Mohamed Vall autorise le retour d’Ould Taya, exilé au Qatar. Mais celui-ci n’est jusqu’à ce jour jamais rentré en Mauritanie. En juin, une réforme de la Constitution limitant le mandat présidentiel est approuvée par référendum.

25 mars 2007 : Sidi Ould Cheikh Abdallahi est le premier civil à être démocratiquement élu président de le République depuis 30 ans. Conformément à ses engagements, le colonel Ely Ould Mohamed Vall ne s’est pas présenté. En avril, l’Union Africaine réintègre la Mauritanie, momentanément exclue après le coup d’État de 2005. Des membres du parti islamique modéré rejoignent pour la première fois le gouvernement en mai 2008.

6 août 2008 : Suite au limogeage d’ importants officiers du pays, les militaires conduits par le général Mohamed Ould Abdelaziz, chef du bataillon chargé de la sécurité présidentielle déposent le président Abdallahi. Il sera libéré après 4 mois et demi d’assignation à résidence. Les principaux partis d’opposition, hormis le RFD d’Ahmed Ould Daddah, partis d’opposition se réunissent immédiatement en un Front national de défense de la démocratie  (FNDD) opposé au coup d’État.

2009 :  En avril, Mohamed Ould Abdelaziz cède le pouvoir pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle annoncée au début de l’année par la junte. Un accord est signé à Dakar entre les représentants de la junte et de l’opposition pour préparer les futures élections. Le 18 juillet, Mohamed Ould Abdelaziz, qui a fait campagne en se présentant comme le president des pauvres, est élu au premier tour contre 8 autres candidats avec plus de 52% des voix. Ses opposants dénoncent un coup d’État électoral et fonde quelques mois plus tard une Coordination de l’opposition démocratique, qui inclut le RFD.

* La société anonyme des mines de fer de Mauritanie, MIFERMA, a été créée en février 1952. Jusqu’à l’Indépendance, elle se contente, faute de moyens financiers, de prospecter. Ce n’est qu’après l’injection de nouveaux capitaux qu’elle débutera l’exploitation en 1963. Elle regroupe des intérêts français, britanniques, italiens, et allemands (RFA). Les anciens de la MIFERMA de Ouerate ont créé un site Internet.
** À propos du Sahara occidental, voir reportages RFI du 11 au 15 mars 2008.
*** Un film Le Cercle des Noyés témoigne de la répression contre les négro-mauritaniens.
**** Elle sera fermée le 1er février 2008, après une attaque armée. ((rfi.fr)

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