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Vaccin contre le Covid-19. Pas de consensus pour les femmes enceintes et les cas allergiques graves

Alors que les campagnes de vaccination débutent en Europe, l’administration du Comirnaty à certaines catégories dites sensibles continue de susciter des interrogations. C’est en particulier le cas pour les femmes enceintes et les personnes sujettes à des manifestations allergiques graves.  

Six jours après le feu vert de l’Union européenne, la quasi-totalité des pays du bloc ont lancé, dimanche 27 décembre, leur campagne de vaccination contre le Covid-19. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué un « moment touchant d’unité », estimant que le vaccin permettrait de “revenir progressivement à nos vies normales ».    

Avec une efficacité estimée à 95 % et un haut niveau de tolérance sur la population globale, le vaccin américano-germanique Pfizer-BioNTech représente un espoir énorme. Mais si la balance bénéfices-risques semble favorable dans l’écrasante majorité des cas, le débat scientifique n’a pas été tranché pour l’administration à toutes les catégories de la population.  

Des données insuffisantes  

Le vaccin doit-il être contre-indiqué pour certaines catégories de population ? Aucune réponse pour le moment car plusieurs groupes n’ont pas été inclus lors des premiers essais cliniques des vaccins.   

“Les femmes enceintes ainsi que les enfants ne font pas partie des premières phases de tests des essais cliniques car ce sont des catégories jugées plus vulnérables”, explique Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille, contacté par France 24. “C’est une règle de base des essais cliniques : on estime généralement que plusieurs années d’observations sont nécessaires sur le reste de la population avant d’élargir les tests à ces catégories de personnes.”  

Les personnes immunodéprimées (au système immunitaire faible) sont également exclues des essais, ainsi que les personnes ayant déjà eu le Covid-19. Néanmoins, si les données manquent pour évaluer l’effet du vaccin sur ces types de populations, tous ne sont pas logés à la même enseigne, selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, spécialiste en vaccinologie et chef du service d’immunologie et de maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, interrogé par France 24. “Il y a des catégories pour lesquelles nous avons des interrogations. Par exemple, on pense que l’efficacité sera moindre chez les personnes immunodéprimées de par leurs conditions. Nous avons aussi des interrogations sur les personnes qui ont déjà eu le Covid car nous ne connaissons pas l’immunité post-infection. Pour autant, ces deux catégories ne suscitent pas d’inquiétudes quant aux risques du vaccin, contrairement aux femmes enceintes et aux personnes ayant manifesté des allergies fortes.”

Un risque “à déterminer” pour les femmes enceintes  

Si les personnes immunodéprimées doivent consulter un médecin au préalable, le vaccin ne leur est cependant pas déconseillé. Les spécialistes s’accordent également à dire que la vaccination des moins de 16 ans n’est pas nécessaire. Mais pour les femmes enceintes, les recommandations varient en fonction des pays. Au Royaume-Uni, premier pays à avoir lancé, le 8 décembre, sa campagne de vaccination contre le Covid-19, elles sont exclues du programme.  

“Il n’existe aucune preuve que le vaccin pose un risque pour les femmes enceintes ou allaitantes, mais les données disponibles sont insuffisantes pour pouvoir leur administrer”, peut-on lire sur le site de l’agence gouvernementale de santé britannique NHS. Des consignes bien différentes de celles des autorités américaines, qui autorisent le vaccin malgré l’absence de tests.   

En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) le déconseille sans pour autant l’interdire. L’Allemagne, quant à elle, considère qu’il peut être administré mais seulement au cas par cas.  

“Il y a deux aspects à différencier, la réglementation globale et ensuite l’évaluation de la balance bénéfices-risques pour la personne” explique Philippe Amouyel. “On sait que les personnes âgées ont la meilleure balance puisqu’ils développent plus de formes graves. À l’inverse, les plus jeunes ont peu de risques de développer des formes sévères et ne sont clairement pas une priorité de la campagne de vaccination. Pour les femmes enceintes le risque reste à déterminer”, conclut-il.  

“L’infection au Covid-19 pose un risque plus élevé que celui de la vaccination”, reconnaît Jean-Daniel Lelièvre. “Mais tous les médicaments sont déconseillés pour les femmes enceintes, c’est un principe de précaution intangible. Si elles souhaitent tomber enceinte on leur recommande de se faire vacciner au plus vite ou bien, si la grossesse est déjà en cours, de faire très attention et de ne prendre aucun risque.” 

Manifestations allergiques grave  

Autre catégorie présentant un risque potentiel, les personnes susceptibles de manifester des réactions allergiques graves de type anaphylactiques (réaction rapide et violente qui peut parfois entraîner la mort si une piqûre d’adrénaline n’est pas administrée). Plusieurs cas de ce type ont été détectés lors de l’administration du vaccin au Royaume-Uni et aux États-Unis.   

Les réactions anaphylactiques peuvent être provoquées par des allergies alimentaires (arachides, noix, poissons et fruits de mer…), médicamenteuses, ou bien encore des piqûres de guêpes, abeilles ou frelons. Elles peuvent se traduire par une variété de symptômes comme des problèmes respiratoires, des vomissements et des éruptions cutanées.

Au Royaume-Uni, deux personnes ayant manifesté des réactions allergiques graves par le passé ont présenté des réactions anaphylactiques au vaccin, a-t-on appris au lendemain des premières injections.   

“Les réactions anaphylactiques représentent autour de 5 % des réactions allergiques, elles sont donc très rares”, souligne Philippe Amouyel. “Bien sûr,  une attention particulière doit être portée à ceux qui ont déjà manifesté ce genre de réactions. Mais la difficulté c’est que certaines personnes sont susceptibles de faire des réactions allergiques graves mais ne le savent pas. C’est pourquoi il est important de surveiller les patients après l’injection.”  

Au Royaume-Uni, depuis l’observation des cas, l’Agence du médicament (MCA) déconseille la vaccination des personnes ayant présenté ce type de troubles par le passé. Si c’est également le cas en France, l’Allemagne n’a pas encore tranché la question. De leur côté, les États-Unis continuent de vacciner ce type de profils, sous étroite surveillance pendant les 30 premières minutes après administration.   (france24)

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