jeudi, mai 16, 2024
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USA. Arnold Schwarzenegger dénonce l’assaut sur le Capitole en rappelant les exactions nazies

Dans une courte vidéo de quelques minutes, diffusée dimanche soir sur Twitter, l’ancien gouverneur de la Californie, acteur acclamé et culturiste chevronné, s’en prend à Donald Trump et assume la comparaison entre les violences dans le Capitole et la Nuit de cristal.

Le ton est grave, la musique de fond aux sonorités hollywoodiennes rajoute à l’atmosphère dramatique. Dans une vidéo de sept minutes à la communication savamment huilée, diffusée dimanche soir sur son compte Twitter, Arnold Schwarzenegger prend la parole pour réagir à l’attaque du Capitole. Face caméra, entre les drapeaux américain et californien, Schwarzie s’adresse aux «Américains et à leurs amis du monde entier». 

D’emblée, l’ex-gouverneur républicain compare la foule d’émeutiers américains aux événements qui ont secoué l’Allemagne nazie dans les années 30, et plus particulièrement la Nuit de cristal. En 1938, les Juifs d’Allemagne sont attaqués, leurs magasins pillés, vandalisés, les synagogues brûlées. Quelques années avant la mise en place par le IIIè Reich de la solution finale, une politique de génocide délibérée et systématique qui aboutira à l’extermination d’environ six millions de Juifs d’Europe, véritable trou noir de l’histoire de l’humanité. 

Une histoire familiale compliquée

Arnold Schwarzenegger connaît dans sa chair l’histoire du IIIe Reich. Né en 1947 dans le village de Thal bei Graz, dans une Autriche encore marquée par les exactions nazies, il assiste enfant à la lente déchéance de son père, Gustav Schwarzenegger, ancien officier de l’armée autrichienne qui avait adhéré au parti nazi et à sa branche paramilitaire, la Sturmabteilung (SA), l’année de la Nuit de cristal. Après la guerre, l’ex-militaire passe de plus en plus de temps à se saouler, pour oublier. Une à deux fois par semaine, il rentre ivre, «crie, bat sa progéniture et effrayait ma mère», raconte Arnold Schwarznegger, aujourd’hui âgé de 73 ans. Le petit garçon, effaré, comprend alors que son père, dépressif et colérique, n’est pas seul : ses voisins agissent de la même manière et tentent tant bien que mal d’oublier qu’ils ont participé au pire régime de l’histoire.

Ce «souvenir douloureux», comme il l’évoque dans sa vidéo, il en a déjà parlé. En 2004, par exemple, dans une interview au magazine économique Fortune, dans lequel il mentionnait des sévices subis enfant. Mais c’est la première fois qu’il en parle aussi publiquement, devant 30,5 millions d’internautes. Si son père est devenu alcoolique et violent, c’est à cause de la «douleur émotionnelle» ressentie, dans les mois qui ont suivi la défaite allemande et le procès de Nuremberg : «Mon père et nos voisins ont également été trompés par des mensonges. Et je sais où mènent de tels mensonges.»

En mentionnant le nazisme, en faisant une comparaison avec les Proud Boys, Arnold Schwarznegger veut frapper un grand coup et mettre en garde : «Je crois que nous devons être conscients des conséquences désastreuses de l’égoïsme et du cynisme.» Que l’on ne s’y trompe pas toutefois, le «Chêne autrichien» – surnom hérité de ses années de culturisme – ne prédit pas l’arrivée du nazisme aux Etats-Unis. C’est Donald Trump qu’il souhaite accabler : «Nous devons tenir pour responsables les personnes qui nous ont amenées à ce point impardonnable.» Et il prône «la guérison de la nation». Alors qu’il arrive au bout de son message, diffusé notamment sur son compte Twitter, il se réfère à un des films dont il fut le héros, Conan le Barbare, sorti en 1982, au risque de trivialiser son propos. Il prend une épée sur son bureau, la brandit et dit : «C’est l’épée de Conan. Notre démocratie est comme l’acier de cette épée. Plus elle est trempée, plus elle devient forte.»

Une posture anti-Trump

Ce n’est pas la première fois qu’Arnold Schwarzenegger s’en prend à Donald Trump, pourtant de son bord politique. L’ancien gouverneur de Californie, élu sous les couleurs républicaines de 2003 à 2011, s’exprimait dans les colonnes de The Economist la semaine dernière, la veille de l’attaque du Capitole. Il faisait part de sa profonde inquiétude pour son «premier amour», l’Amérique, et s’appuyait déjà sur la référence nazie : «Les actions du président Donald Trump visant à détruire la foi dans nos élections et à jeter par la fenêtre des siècles de principes américains doivent être condamnées par tous les dirigeants politiques, quel que soit leur parti.» Il appelait également les républicains à rejeter les attaques de Trump et à accepter les résultats de l’élection.

En août 2017, après les événements de Charlottesville, ville de l’Etat de Virginie devenue le théâtre de violences entre les suprémacistes blancs et identitaires et les militants anti-racistes, Schwarzie déclarait avoir été «horrifié» par ces images de «nazis et de suprémacistes blancs». Les propos de Donald Trump, qui consistaient à voir «des torts des deux côtés» avaient déjà provoqué un profond malaise au sein de la classe politique américaine. «En fait, en tant que président de ce grand pays, vous avez la responsabilité morale d’envoyer le message sans équivoque que vous ne soutenez pas la haine et le racisme», disait Arnold Schwarzenegger en s’adressant directement au Président.

Dans cette vidéo aux mots simples, l’ancien acteur devenu homme politique se livre à une rhétorique efficace, fondée sur son expérience personnelle. Au nom de son amour pour les Etats-Unis. Dans son bureau aux allures présidentielles, il tente de s’adresser au plus grand nombre et rappelle que les nazis ne sont ni une affabulation, ni le fantasme de gamers, mais une réalité historique. (liberation)

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