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Vaccin anti-Covid-19. La double stratégie du Sénégal

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En plus de l’initiative Covax chapeautée par l’OMS, les autorités sénégalaises sont en discussion avec la Chine pour l’acquisition de doses.

Le Sénégal a franchi la barre des 500 morts du Covid-19. La nouvelle est largement commentée sur les réseaux sociaux et fait la une des journaux parus ce vendredi 15 janvier, car le pays était jusqu’à présent relativement préservé comme de nombreux États d’Afrique. Mais, désormais, il doit faire face à une deuxième vague et surtout son système sanitaire est mis à rude épreuve. Qu’est-ce qui a donc changé ? Comme dans de nombreux pays africains, au début de la pandémie, le Sénégal a pris des mesures assez strictes en termes de couvre-feu, de confinement, avec l’état d’urgence, etc. Cependant, au fil des semaines, la pression économique et sociale a entraîné un assouplissement de ces mesures. « La situation de la pandémie est devenue très difficile pour les populations et les soignants, avec des centaines de nouvelles contaminations enregistrées chaque jour dans le pays », a déclaré dimanche le directeur du Samu national, le professeur Mamadou Diarra Bèye. « Ce qui fait que le nombre de lits se met très rapidement en tension », a-t-il fait remarquer, se réjouissant néanmoins du maintien du taux de létalité en dessous de 2,5 %.

La course aux vaccins lancée

Aujourd’hui, le gouvernement est obligé d’intervenir à tous les niveaux. Il a réinstauré un couvre-feu nocturne depuis janvier, parmi d’autres mesures, et travaille à la vaccination des publics prioritaires, ont dit des responsables de la santé. Mercredi 13 janvier, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a remis au président Macky Sall une stratégie nationale de vaccination. « Nous nous projetons dans un chronogramme (calendrier) qui nous permettra de commencer la vaccination avant la fin du mois de mars », a indiqué à l’Agence France-Presse le porte-parole du ministère de la Santé, le docteur Abdoulaye Ndiaye, également directeur national de la prévention.

Les cibles prioritaires sont « les personnes âgées de plus de 60 ans, celles présentant des maladies chroniques ou des comorbidités et toute autre population du pays qui de par ses fonctions reste exposée », référence notamment au personnel de santé, a-t-il dit. C’est « autour de 20 % de la population, soit 3,5 millions de personnes », qui doit ainsi être vaccinée dans un premier temps, a-t-il dit. Il ne s’est pas prononcé sur les échéances d’une deuxième phase, celle de la vaccination de l’ensemble de la population. La presse sénégalaise a rapporté que les autorités se fixaient pour objectif de la mener à bien d’ici à la fin du premier trimestre 2022. Les femmes enceintes et les enfants de moins de 2 ans seront au moins dans un premier temps exemptés de vaccination « pour des raisons de sécurité. Il faut suffisamment de recul pour le faire », a dit le docteur Ndiaye.

Quant au coût du programme, il dépendra du vaccin retenu et des produits annexes comme les seringues, a-t-il dit, citant une fourchette entre 20 milliards de francs CFA (30 millions d’euros) et 380 milliards (580 millions d’euros). Un montant important, en effet, le Sénégal parie sur une double stratégie. Le ministre a indiqué cette semaine que son pays bénéficiait de l’initiative internationale Covax. Un dispositif mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Alliance pour les vaccins (Gavi) pour distribuer des vaccins anti-Covid aux pays défavorisés. Dans ce cadre, l’OMS a fait appel à Pfizer et Moderna. Mais les premières doses ne sont pas attendues avant fin mars.

Double stratégie

C’est pourquoi, en parallèle, le pays a fait appel à la Chine pour l’acquisition de 200 000 doses de vaccin Sinopharm. Dans un tweet publié mardi, mais retiré quelques heures plus tard, le ministre de la Santé a évoqué un « don » de la part de la Chine, avant de rétropédaler. Le choix d’un vaccin n’est pas anodin pour le Sénégal. Le pays, comme d’autres en Afrique, est confronté à un problème de taille, celui de la conservation des doses, puisqu’il ne dispose pas d’équipements adaptés aux vaccins devant être stockés à – 20 ou – 70 degrés. Le docteur Annette Seck, directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA), citée par la presse locale, déclare qu’il n’y a « pas de chambres froides au Sénégal pour conserver des vaccins à – 80 degrés ». En revanche, a-t-elle précisé, « celui de Moderna peut l’être au Sénégal car sa conservation répond aux normes actuelles dans le pays ». Ce dernier peut être conservé à – 20 degrés. Si les autorités sénégalaises prennent très au sérieux cette deuxième phase de la réponse à la pandémie, les chiffres sont à prendre avec beaucoup de recul. Le pays n’a déclaré que 22 300 cas de contamination et 506 décès officiellement recensés depuis le premier cas, en mars 2020… (lepoint)

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