dimanche, mai 19, 2024
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RUSSIE. L’opposant Alexeï Navalny arrêté dès son arrivée

L’opposant russe Alexeï Navalny a été interpellé dimanche en Russie après l’arrivée de son vol en provenance de Berlin, où il avait été soigné pour un empoisonnement présumé. Plusieurs de ses alliés ont également été arrêtés à l’aéroport de Vnoukovo où ils étaient venus l’accueillir. La France, les États-Unis ainsi que l’Union européenne appellent Moscou à sa « libération immédiate ».

C’était un scénario écrit d’avance. Après avoir passé plusieurs mois de convalescence en Allemagne où il se remettait d’un empoisonnement présumél’opposant russe Alexeï Navalny a été interpellé dimanche 17 janvier à l’aéroport Cheremetievo de Moscou, où il s’apprêtait à franchir le contrôle des passeports.

Selon un communiqué des services pénitentiaires russes (FSIN) Alexeï Navalny « restera en détention jusqu’à la décision du tribunal » sur son cas.

Depuis que le pire ennemi de Vladimir Poutine a annoncé mercredi son intention de rentrer, les autorités l’ont mis en garde et assuré qu’ils seraient « obligés » de l’arrêter pour avoir violé les conditions d’une peine de prison avec sursis reçue en 2014. 

L’avion de Navalny dérouté

Malgré ces menaces d’arrestation, le charismatique militant anti-corruption avait embarqué en début d’après-midi pour un vol à destination de Moscou. « Vais-je être arrêté ? C’est impossible, je suis innocent », avait-t-il clamé devant les journalistes à bord de l’avion qui a décollé vers 14 h 15 GMT de l’aéroport de Berlin. »J’ai pleinement le droit de rentrer chez moi » assure Navalny devant les caméras

Attendu à l’aéroport Vnoukovo de Moscou, l’avion d’Alexeï Navalny a été dévié au dernier moment vers un autre aéroport de Moscou, celui de Cheremetievo. 

À Vnoukovo, la police antiémeute était présente en force et un groupe de quelque 200 partisans étaient massés devant les barrières installées pour barrer l’accès à la salle des arrivées, selon des journalistes de l’AFP.

Plusieurs alliés d’Alexeï Navalny dont sa directrice de campagne ont été arrêtés. Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, 65 personnes au total ont été interpellées dimanche à Moscou et Saint-Pétersbourg.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a qualifié « d’inacceptable » l’arrestation de l’opposant russe.

De son côté, la France a assuré « suivre avec ses partenaires européens sa situation avec la plus grande vigilance et appelle à sa libération immédiate ».

Alexeï Navalny « doit être libéré immédiatement » a également exhorté Jake Sullivan, le futur conseiller à la sécurité nationale du président élu américain Joe Biden.Alexeï Navalny arrêté après son arrivée à l’aéroport de Moscou

Empoisonnement au Novitchok 

Le chef de file de l’opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu’il revenait d’un voyage en Sibérie. D’abord hospitalisé à Omsk, une grande ville de la région, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches.

Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l’opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l’époque soviétique, conclusion confirmée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) malgré les dénégations de Moscou. 

L’opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d’avoir tenté de l’assassiner sur l’ordre direct de Vladimir Poutine. 

Au gré des versions, les autorités russes ont mis en cause les services secrets occidentaux, ou l’hygiène de vie d’Alexeï Navalny. Jusqu’à présent, Moscou a refusé d’ouvrir une enquête pour découvrir ce qui est arrivé à l’opposant, arguant notamment du refus de l’Allemagne de transmettre ses données à la Russie.  

Samedi, Berlin a toutefois annoncé avoir transmis à Moscou des éléments de son enquête judiciaire, notamment « des procès-verbaux » d’interrogatoires d’Alexeï Navalny et « des échantillons de sang et de tissus, ainsi que des morceaux de vêtements », disant s’attendre à ce que Moscou commence désormais à « faire la lumière sur ce crime ». 

Enquête pour fraude 

Selon le FSIN, Alexeï Navalny, quand il était en Allemagne, n’a pas respecté les conditions d’une peine de prison avec sursis reçue en 2014, qui l’obligeait à pointer au moins deux fois par mois à l’administration pénitentiaire. 

L’opposant est aussi visé depuis fin décembre par une nouvelle enquête pour fraudes, soupçonné d’avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d’euros) de dons. 

S’il est largement ignoré des médias nationaux, non représenté au Parlement et inéligible, Alexeï Navalny reste la principale voix de l’opposition en partie grâce à sa chaîne YouTube aux 4,8 millions d’abonnés et son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), dénonçant la corruption des élites. 

Malgré les perquisitions, les pressions et les condamnations à de courtes détentions visant régulièrement Alexeï Navalny ou ses alliés, il a réussi à organiser plusieurs manifestations très suivies ces dernières années, et à provoquer plusieurs revers embarrassants pour le pouvoir lors de scrutins locaux. 

Sa notoriété reste toutefois limitée en dehors des grandes agglomérations, un sondage du centre indépendant Levada en septembre révélant ainsi que seulement 20 % des Russes approuvaient ses actions. (france24)

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