En prison depuis 2000 pour le meurtre de sa femme, Scott Falater, surnommé le «meurtrier somnambule» s’est confié à la chaîne ABC sur le décès de sa femme survenu il y a plus de 20 ans.
Scott Falater assure depuis deux décennies ne pas savoir ce qui est arrivé. L’homme a été condamné en 2000 à la prison à vie pour le meurtre de son épouse, Yarmila Falater, dont il dit ne pas se souvenir. Plus de 20 ans après le drame, il s’est confié vendredi depuis sa cellule, à l’émission «20/20» sur ABC. «Tout ce que je peux dire, c’est que je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je sais en revanche une chose, c’est que je n’ai jamais planifié ça. Je n’avais rien à y gagner», a-t-il expliqué. «Personne d’autre ne peut prendre cette responsabilité. C’est sur mes épaules. Et je dois accepter que je doive aller de l’avant», a-t-il ajouté.
Des amis interrogés par la même émission ont affirmé que le couple vivait un mariage heureux, et que tous les deux étaient impliqués dans le quotidien de la communauté et de l’église locale. Leur fils, Michael, a lui aussi toujours affirmé avoir eu une «enfance très heureuse». «Mon père travaillait dur pour soutenir la famille et ma mère était une femme au foyer qui était toujours là quand je rentrais de l’école. Je ne les ai jamais vus se disputer ou se crier dessus. C’était un foyer très aimant».
Tout a pourtant basculé en janvier 1997. Le 16, Scott Falater affirme que sa femme et lui se sont réveillés au milieu de la nuit, après avoir entendu du bruit. Le mari dit être sorti pour voir mais n’avoir rien trouvé d’anormal. Il explique avoir eu du mal à retrouver le sommeil cette nuit-là. Epuisé, il raconte s’être couché très tôt le lendemain soir. La seule chose dont il affirme se souvenir ensuite, c’est de s’être retrouvé debout, en haut de l’escalier, en pyjama, avec un officier de police pointant son arme sur lui. Sa femme venait d’être poignardée et noyée dans la piscine. Si le mari ne nie pas le meurtre, il jure ne pas s’en souvenir et affirme qu’il ne pourra jamais se pardonner. «Nous étions faits l’un pour l’autre. Je n’ai jamais douté de ça, et je n’en doute toujours pas aujourd’hui. Elle me manquera jusqu’au jour de ma mort», poursuit-il dans «20/20».
La défense au coeur des débats
La version des voisins, elle, est un peu différente. Cette nuit du 17 janvier, Greg Koons et sa petite amie de l’époque Stephanie Reidhead auraient entendu des cris. Au cours du procès, Greg Koons a expliqué être sorti pour voir ce qu’il se passait et avoir aperçu sa voisine allongée au sol. Il a d’abord pensé qu’elle était ivre, mais il a fini par voir son mari la trainer jusqu’à la piscine, la faire rouler jusque dans l’eau et lui tenir la tête pour la noyer. C’est lui qui a téléphoné aux secours, qui ont ensuite découvert le corps, gisant dans l’eau dans laquelle coulait son sang. «J’étais confus. Je n’arrêtais pas de demander ce qui était arrivé», raconte Scott Falater à ABC. Les agents sont ensuite allés réveiller les deux enfants qui dormaient dans leur chambre. «J’ai été me coucher, à 12 ans, comme un enfant heureux, et je me suis réveillé avec un officier m’annonçant que ma mère était morte», se souvient Michael Falater.
C’est la défense du meurtrier qui a transformé ce fait divers en sujet numéro un des médias américains à l’époque. Au départ, les avocats du mari avaient pensé plaider coupable tout en invoquant l’irresponsabilité mentale. Mais sa mère et sa sœur ont à l’époque raconté que l’homme avait eu, dans le passé, des phénomènes de somnambulisme, souvent provoqués par un stress trop élevé, qui «lui donnait un aspect démoniaque», avait indiqué sa sœur. Plusieurs experts ont été appelés pour tenter d’étudier son cas, et ses co-détenus ont reconnus l’avoir bel et bien vu être éveillé dans son sommeil. Mais l’enquête a révélé que le soir du drame, le meurtrier avait caché ses vêtements et l’arme du crime, avait essayé de laver le sang sur lui et avait changé de vêtements. Une contre-expertise a expliqué lors du procès qu’il était inhabituel pour un somnambule d’effectuer autant d’actions au cours d’un seul épisode. Pour le procureur, il ne faisait d’ailleurs aucun doute que Scott Falater était bel et bien réveillé lorsqu’il a tué sa femme. Le médecin légiste a indiqué que Yarmila Falater avait été poignardée à 44 reprises «et que pratiquement toutes les blessures étaient des blessures de défense».
Le jury a fini par déclarer Scott Falater coupable de meurtre au premier degré. Dans une interview post-procès avec «20/20» en 1999, certains des jurés ont dit qu’ils pouvaient croire que Scott Falater avait poignardé sa femme alors qu’il faisait du somnambulisme, mais pas qu’il était encore endormi au moment de la noyer. Le tribunal avait en revanche décidé de ne pas le condamner à mort, après plusieurs témoignages, notamment ceux de ses enfants, qui continuent à le soutenir aujourd’hui. «Je ne pourrais pas être plus fiers d’eux», confie-t-il. (parismatch)