Les tensions entre l’Union européenne et la Russie à propos de l’affaire Navalny sont montées d’un cran vendredi, après l’expulsion par Moscou de diplomates suédois, allemand et polonais accusés d’avoir participé à des rassemblements de soutien illégaux en faveur de l’opposant au Kremlin.
Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a jugé inacceptables les actions de ces diplomates.
Les expulsions ont été annoncées peu de temps après un entretien à Moscou entre le porte-parole de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
La chancelière allemande Angela Merkel a qualifié cette initiative d’injustifiée, qui éloigne à ses yeux la Russie de l’Etat de droit, tandis que la Pologne a convoqué l’ambassadeur de Russie à Varsovie.
A l’issue d’un conseil de défense franco-allemand, Angela Merkel n’a pas exclu de nouvelles sanctions contre la Russie tout en soulignant que l’Europe avait le « devoir diplomatique » de maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou.
L’Allemagne continue de soutenir « pour le moment » le projet de gazoduc Nord Stream 2, a-t-elle ajouté.
Emmanuel Macron a de son côté condamné ces expulsions « avec la plus grande fermeté ».
Alexeï Navalny a été condamné mardi à trois ans et demi de prison pour violation des termes de sa liberté conditionnelle dans une affaire de détournement de fonds pour laquelle il a été condamné en 2014. Il avait été arrêté le 17 janvier dernier à son retour en Russie après avoir été soigné pendant près de cinq mois en Allemagne à la suite de son empoisonnement par un agent neurotoxique en août dernier. Le Kremlin dément avoir joué le moindre rôle dans cette affaire.
« L’UE, UN PARTENAIRE PEU FIABLE »
La Russie a annoncé les expulsions après que Josep Borrell a demandé la libération immédiate de l’opposant, durant une conférence de presse commune avec Sergueï Lavrov.
Ce dernier n’a pas répondu directement à la demande de Josep Borrell mais s’est plaint de ce qu’il a décrit comme des violations des droits de l’homme dans l’UE et a qualifié l’UE de partenaire peu fiable.
« J’ai fait part au ministre Lavrov de notre profonde inquiétude et de notre appel à la libération (d’Alexeï) Navalny et à l’ouverture d’une enquête sur son empoisonnement », a dit Josep Borrell lors de la conférence de presse.
« Au cours des dernières années, nos relations ont été marquées par des différences fondamentales et un manque de confiance, » a-t-il ajouté.
Sergueï Lavrov a rétorqué qu’il appartenait à Bruxelles d’imposer des sanctions contre la Russie, mais que l’UE se comportait de plus en plus comme Washington dans son utilisation des sanctions unilatérales.
« Nous partageons l’opinion qu’une nouvelle détérioration des relations est lourde de conséquences négatives et hautement imprévisibles », a dit le chef de la diplomatie russe.
Alexeï Navalny a de nouveau comparu vendredi devant un tribunal, accusé de diffamation contre un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui avait participé à une vidéo en faveur de la politique de Vladimir Poutine.
À l’époque, l’opposant avait décrit les personnes présentes dans la vidéo comme des traîtres et des laquais. Il nie l’accusation de diffamation.
L’ancien combattant a demandé à Navalny de s’excuser publiquement. La prochaine audience aura lieu le 12 février. (reuters)