À Madagascar, les paramédicaux observent une grève générale depuis une semaine désormais. Ils réclament le paiement de l’indemnité de réquisition promise durant la crise du Covid-19 ainsi que celle prévue en cas d’éloignement spécial, toutes deux régies par la loi. Ils revendiquent enfin le recrutement des agents bénévoles de Santé qui, pour certains, travaillent depuis cinq ans au service de l’État, sans jamais avoir été payés.
À l’issue d’une conférence de presse, ce lundi 15 février, organisée pour évoquer les prochaines étapes de leur lutte, les syndicalistes ont été sollicités par le ministère de la Santé pour s’asseoir à la table des négociations. Cependant, rien ne semble encore avoir abouti.
Le rendez-vous était donné à 15h, au ministère de la Santé, par le directeur de cabinet. Dans une ambiance tendue, une vingtaine de membres représentants du SISFM, le Syndicat des infirmiers et des sages-femmes de Madagascar, se sont installés face à huit membres du cabinet. Son directeur, lui, était finalement absent.
Après plus de deux heures de négociations, « il n’y a pas eu de solution trouvée », une situation décevante pour ce syndicaliste qui a requis l’anonymat et qui explique : « Le syndicat a exposé les trois points de nos revendications mais les membres du cabinet nous ont dits qu’ils n’avaient pas de solution et que c’était à nous de leur proposer une solution face à ces problèmes. Vu l’argent qui a été alloué [par les bailleurs] à la lutte contre le Covid-19 – plus de 700 millions de dollars – le syndicat ne comprend pas pourquoi l’État ne peut pas nous payer nos indemnités de réquisition pour la lutte contre la pandémie ».
Trêve de trois jours
Contacté, un membre du cabinet, présent à la réunion, a confirmé « être toujours en négociation » avant d’ajouter que « seul le ministre de la Santé s’exprimera à ce sujet ». Dans la foulée, ce lundi soir, les paramédicaux ont annoncé le début d’une trêve de trois jours.
« On donne 72 heures à l’État pour trouver des solutions, déclare l’un d’eux. La trêve, ça signifie qu’on ne fait pas de manifestations et qu’on ne vient pas à l’hôpital avec nos pancartes mais on ne travaille pas. On demande une audience au président de la République. On a l’impression que seule la présidence peut prendre une décision pour résoudre notre problème. C’est vraiment une question politique. On est prêts pour les négociations mais si après les 72 heures, aucune solution n’est trouvée, on va continuer et intensifier la grève ».
À l’heure où le nombre de patients atteints du Covid-19 enregistre une véritable hausse dans le pays, l’intensification d’une grève des agents de santé est de mauvais augure pour un système de soins malgaches déjà extrêmement affaibli. (Rfi)