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COLOMBIE. Plus de 6 400 civils tués extrajudiciairement pendant le conflit avec les Farc

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Plus de 6 400 civils ont été sommairement exécutés et présentés comme tués au combat en Colombie dans les années 2000, trois fois plus qu’estimé jusque-là dans ce scandale des « faux positifs », le plus grave impliquant l’armée en près de six décennies de guerre interne.

C’est un chiffre officiel. En Colombie, plus de 6 400 civils ont été exécutés sommairement et « illégitimement présentés comme tués au combat » entre 2002 et 2008, a annoncé jeudi 18 février la Juridiction spéciale de la paix (JEP), créée pour enquêter sur les crimes du conflit contre les Farc. Ce chiffre, trois fois supérieur à ce qu’était estimé jusque-là, aggrave le scandale dit des « faux positifs » qui a mis en cause l’armée colombienne.

La JEP a annoncé jeudi avoir établi qu' »au moins 6 402 Colombiennes et Colombiens sont morts et ont été illégitimement présentés comme tombés au combat entre 2002 et 2008″, selon un communiqué. Ce chiffre donne une nouvelle dimension à ce « phénomène macro-criminel », selon la JEP, créée par l’accord de paix de 2016 avec l’ex-guérilla des Farc pour enquêter sur les crimes graves du conflit.

La révélation des « faux positifs », en jargon militaire, a été l’un des plus grands scandales impliquant l’armée colombienne durant sa confrontation avec les rébellions de gauche. Les militaires tenaient le compte des guérilleros et narcotrafiquants tués et ces résultats « positifs » leur valaient médailles, permissions et promotions.

Mais des milliers de morts étaient des civils abattus de sang-froid.

L’ex-président Uribe dans la ligne de mire

Bien que l’état-major nie toute pratique systématique, des officiers et des soldats ont admis devant la JEP leur implication dans ces crimes.

Jusqu’à l’an dernier, le parquet a été saisi de 2 249 cas d’exécutions extrajudiciaires commises entre 1988 et 2014, dont 59 % de 2006 à 2008, sous la présidence d’Alvaro Uribe. L’ancien chef d’État a mené une féroce offensive contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

L’ex-président de droite, au pouvoir de 2002 à 2010 et opposé à l’accord de paix qu’il juge laxiste envers les anciens rebelles, a accusé jeudi la JEP de « discréditer » son gouvernement. Il a nié avoir incité les militaires à « violer la loi » quand il exigeait leur « efficacité ».

« La réalité de ce qui s’est passé durant le conflit armé colombien »

Selon Jorge Cuervo, professeur en politiques de justice et des droits humains de l’université Externado, l’instruction de la JEP « va beaucoup plus nous rapprocher (…) de la réalité de ce qui s’est passé durant le conflit armé colombien ».

L’enquête au cas par cas du parquet est « insuffisante pour rendre compte » de la dimension de ces crimes, a-t-il estimé, saluant la décision de la justice de paix de regrouper les dossiers, comme pour les enlèvements commis par l’ex-rébellion marxiste.

En janvier, la JEP a déterminé que 21 000 personnes ont été séquestrées et inculpé huit anciens chefs guérilleros.

Pas de « directive pour des faits aussi atroces », se défendent les militaires

Le général en retraite Mario Montoya, ancien commandant de l’armée de terre, est le militaire de plus haut rang entendu par la JEP. En dépit de témoignages à charge, il nie avoir incité ses troupes à exécuter des civils.

« Il y a 2 140 militaires impliqués dans des enquêtes sur des exécutions extrajudiciaires, soit 0,9 % des hommes qui ont opéré dans l’armée de terre durant la période mentionnée (…) ce qui montre qu’à aucun moment, il n’y a eu de directive pour des faits aussi atroces », arguait son avocat, Andrés Garzon, lors d’une interview à l’AFP l’an dernier.

Les ex-guérilleros, paramilitaires et militaires entendus par la JEP peuvent bénéficier de peines alternatives à la prison s’ils avouent leurs crimes. Sinon, ils risquent jusqu’à 20 ans d’emprisonnement devant la justice ordinaire.

Blanca Monroy, dont le fils a été assassiné en 2008, s’est félicitée de l’avancée des investigations montrant « qu’il y a eu beaucoup de faux positifs sur tout le territoire ». « Cela nous attriste que l’armée de terre, qui doit veiller sur nous (…) ait fait pleurer tant de mères, laissé tant d’enfants orphelins, tant de sœurs éplorées », a-t-elle déclaré à l’AFP. (France24/Afp)

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