En République démocratique du Congo, l’heure de rendre des comptes a-t-elle sonné pour Kalev Mutondo ? L’ex-puissant chef des renseignements sous la présidence de Joseph Kabila est dans le collimateur de la justice qui veut l’entendre, suite au dépôt de plusieurs plaintes. Son agence, la redoutable Agence nationale des renseignements (ANR), a été régulièrement accusée par les organisations de défense des droits de l’Homme d’une répression active contre les opposants au régime Kabila.
L’un des premiers actes présidentiels de Félix Tshisekedi, en 2019, avait été de remplacer Kalev Mutondo à la tête de l’ANR. Depuis, des ONG appellent la justice à sévir contre cette figure qui était intouchable sous Kabila. Jeudi dernier, Kalev Mutondo était attendu au Palais de Justice par un magistrat du parquet général, près de la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe, mais il n’a pas répondu à la convocation.
« J’attends tranquillement et sereinement », affirme, à RFI, Kalev Mutondo qui assurait, ce week-end, ne pas avoir reçu sa convocation qui circulait déjà dans les médias.
Cependant, son entourage confirme que la convocation a bien été émise, soulignant que l’ex-chef des renseignements ne peut être entendu par le parquet général de Kinshasa-Gombe qu’après le feu vert de son successeur. C’est ce que stipule aussi la loi. Néanmoins, une source sécuritaire estime que Kalev Mutondo ne peut plus se prévaloir de cet argument car il aurait déjà été révoqué de l’ANR l’an dernier après avoir été vu dans une manifestation de protestation contre Félix Tshisekedi.
Le parquet de la Gombe a enregistré, ces dernières semaines, au moins cinq plaintes contre l’ancien patron du renseignement déjà sous sanctions américaines et européennes. La justice s’intéresse surtout à deux des cinq plaintes : celles de l’ex-bâtonnier de Lubumbashi, Jean Claude Muyambo et celle de Cyrille Mumpapa, deux farouches opposants à Joseph Kabila.Ils accusent l’ancien administrateur général de l’ANR de les avoir emprisonnés pour avoir exigé le départ de Joseph Kabila.
Les accusations contenues dans les plaintes sont lourdes: « tortures physiques et morales, arrestations arbitraires, détention illégale, menaces de mort et tentative d’assassinat ». Dans l’entourage de Kalev Mutondo, on parle d’un acharnement politico judiciaire et on dit redouter son arrestation. (Rfi)