vendredi, avril 26, 2024
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Ligue des champions: Riyad Mahrez, l’honneur de Sarcelles

Champion d’Afrique en 2019 avec l’Algérie, double champion d’Angleterre avec Leicester et Manchester City, Riyad Mahrez a largement gagné sa place sur la planète foot. Pourtant, tout n’a pas été simple pour ce pur produit de Sarcelles, dans la banlieue parisienne. Une ville qui lui a tout donné, et qu’il honore toujours avec discrétion. Le Mancunien affronte les PSG mercredi 28 avril en demi-finale aller de la C1 au Parc des Princes.

« C’est ici que le pied gauche de Riyad s’est façonné ! », lance avec fierté Souleymane. Le trentenaire, qui en impose, joue avec son fils. Lui a bien connu le jeune Mahrez. Nous sommes dans le quartier des Sablons, ancien bastion familial de Mahrez. Ici, dans cet endroit de Sarcelles, le jeune Riyad a laissé un souvenir indélébile. Celui d’un gamin qui ne vivait que pour le football.

Un cure-dent devenu monstrueux

À l’époque, il avait un point fort : une technique de balle largement au-dessus de la moyenne. Riyad Mahrez était bon, mais physiquement assez limité. « Faut se parler français clairement, moi le premier, personne ne croyait en Riyad. Il ressemblait à un cure-dent, il n’avait pas de muscles. Il était frêle, tu soufflais et il tombait par terre le type (sic). » La description de l’ancien joueur du Havre fait même sourire Souleymane.

La métamorphose physique de Mahrez sera tardive. L’international algérien travaillait donc sa technique. Et certains croyait en lui. Comme Youssef Ghanmi, ami le plus proche de Riyad Mahrez, qui partage sa vie entre Manchester et Sarcelles, et qui fait le lien entre le footballeur et sa ville natale. « Un jour on est dans le bus, on a 13 ans à cette époque. On commence à entrer dans un débat genre qui est le plus fort ? Il m’a dit de descendre à cet arrêt-là. On arrive ici, on fait un duel en cinq buts. Il m’a mis 5-0 en même pas 40 secondes. Il m’a tué, il m’a exterminé », raconte hilare Youssef Ghanmi qui avoue que le talent de Mahrez était inné. 

Pourtant, hors des sentiers battus, Riyad Mahrez n’intègrera jamais un centre de formation traditionnel. Tout s’est passé ici à Sarcelles, une ville où le sport reste une priorité dans l’insertion des jeunes. Car plusieurs joueurs nés à Sarcelles sont devenus professionnels comme l’attaquant auxerrois Kevin Fortuné ou le latéral de Wolfsburg Jérôme Roussillon. Pour Souleymane, l’excellence de la formation sarcelloise s’explique par la diversité des dispositifs proposés par la ville. « Riyad Mahrez a fait CHH Chanteraine (Section sportive au collège, NDLR), c’est un sport-étude, horaires aménagés, il a pratiqué l’école municipale de foot (Dispositif proposé par la mairie, NDLR), il a pratiqué les différents terrains : gymnases, City, five, et le club. Tout ça cumulé ça a donné le joueur qu’il est », détaille Souleymane. « C’est mieux que l’Argentine ici, c’est mieux que le Brésil, c’est mieux que São Paulo ! », sourit Souleymane.

Sarcelles, la ville monde 

Sarcelles est une ville de football, qui s’articule autour du club de l’AAS. En pleine période de vacances scolaires, Médoune Diop, manteau du club sur le dos, vérifie l’état des vestiaires. « C’est le premier vestiaire de Riyad Mahrez », se souvient avec émotion l’éducateur qui a pu observer l’international algérien dès ses débuts. « Riyad, c’est la fierté du club, de toute la ville ! »

Au bord de la pelouse du stade Philippe Christanval, Médoune Diop explique : « En fait Sarcelles c’est une ville qui ressemble à un pays. Le Sarcellois se sent presque « nationaliste » donc lorsqu’on voit un joueur qui arrive à toucher le haut niveau et à être reconnu aussi bien sur la scène européenne que sur la scène africaine puisqu’il est champion d’Afrique, franchement ça fait super plaisir. »

Une réussite que l’éducateur résume en trois mots inscrits près de l’entrée du stade : travail, respect et humilité. Des qualités qui font la force de Mahrez. « C’est resté la même personne, il n’a absolument pas changé, il est toujours accessible », avance Médoune Diop. Autour de nous, on s’agite.

Jamais avare pour les enfants sarcellois

Le temps est assez clément et sur la pelouse voisine, une cinquantaine de jeunes participe à un tournoi organisé par la ville. Sur une chaise, lunettes de soleil sur le bout du nez, Ate Nzate donne les consignes aux apprentis arbitres. D’un naturel assez discret, Ate Nzate n’aime pas se mettre en avant quand on lui parle de Riyad Mahrez. C’est pourtant lui qui lui a permis de mettre le pied à l’étrier en lui donnant la possibilité de passer de Sarcelles à Quimper, en 2009. Et l’éducateur ne tarit pas d’éloge sur l’avant-centre de 30 ans.

Il pointe la générosité dont fait souvent preuve l’international algérien envers les enfants de Sarcelles. « Riyad a créé toutes les conditions avec la municipalité pour permettre à une délégation de 30 jeunes et 6 adultes d’aller passer trois jours magnifiques en Angleterre, à Manchester », évoque Ate Nzate. Un projet que le numéro 26 de Manchester tenait à réaliser.

 « On a assisté à un match où ils ont gagné en plus. Le lendemain on est allé à la séance d’entraînement du soir, et il nous a fait descendre dans les vestiaires. On a pu voir les joueurs ! Ensuite, il est venu à l’hôtel et il leur a fait une belle surprise en ramenant 36 maillots. Personne ne s’y attendait », détaille Ate Nzate qui a gardé des souvenirs de ce moment fabuleux sur son téléphone portable. On a le droit d’en profiter un peu au moment où il fait défiler ses souvenir sur l’écran de son smartphone.

Discrètement et à plusieurs reprises, Riyad Mahrez se rend disponible pour sa ville natale. Dernièrement, le joueur a envoyé 10 000 masques chirurgicaux, et chacune des associations sarcelloises a été servie. Un geste fort, passé sous silence, comme à l’accoutumé.

Sarcelles et Riyad Mahrez, c’est finalement une histoire d’amour. Décoré de la médaille de la ville en 2019 une semaine après le sacre des Fennecs au Caire, l’international algérien sera de nouveau honoré lors de l’inauguration d’un terrain à son nom. Une juste récompense pour celui qui espère décrocher une Ligue des champions. Le Graal pour celui qui a toujours vécu autour du ballon rond. (Rfi)

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