vendredi, mars 29, 2024
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Le Covid emporte Paulo Gustavo, humoriste chéri du BRESIL

Le Covid a tué plus de 400 000 personnes au Brésil mais désormais, le virus a dans le pays le visage de Paulo Gustavo, emporté cette semaine, à 42 ans. Humoriste adulé, suivi par plus de 16 millions d’abonnés sur Instagram, il était «le meilleur ami de tout le Brésil», a estimé le quotidien Folha de São Paulo. Veillées d’admirateurs devant l’hôpital de Rio de Janeiro où il était hospitalisé depuis le 13 mars, prières collectives… L’opinion a suivi pendant cinquante-trois jours l’évolution de son état de santé. Jusqu’au communiqué final publié mardi soir : «A 21h12, malheureusement, le patient Paulo Gustavo Monteiro est décédé, victime de complications du Covid-19.»

Son immense popularité, le natif de Niterói (banlieue de Rio) la devait surtout à la trilogie de films adaptés du monologue qui le fit connaître : Ma mère est une «pièce» (Minha Mãe é Uma Peça, jeu de mots voulant dire à la fois «pièce de théâtre» et «un sacré numéro») où il incarnait Dona Hermínia, une ménagère de banlieue exubérante et pleine de bon sens, aux bigoudis XXL, confrontée à une foule de problèmes quotidiens, dont l’homosexualité de son fils. Situation et personnage étaient inspirés par son vécu et ses rapports avec sa propre mère. Si la première adaptation avait réuni 4,5 millions de spectateurs en salles en 2014, les deux suites, en 2016 et 2019, battront des records, avec respectivement 9,3 millions et 11,6 millions d’entrées. Malgré la tiédeur de la critique, peu sensible à cette forme d’humour très populaire.

Dona Hermínia a transmis par le rire un message d’inclusion et d’acceptation de la réalité LGBTI, et constitué un contrepoison à l’homophobie déclarée de Jair Bolsonaro. Qui, à la surprise générale, a salué la mémoire du disparu : «Que Dieu le reçoive avec joie et réconforte sa famille et ses amis, ainsi que ceux de toutes les victimes du Covid», a-t-il réagi sur Twitter. Paulo Gustavo incarnait pourtant tout ce que Bolsonaro déteste : un homosexuel marié, avec le dermatologue Thales Bretas, et père : le couple avait deux fils d’un an, nés de mères porteuses. L’ennemi juré du Président, l’ancien chef de l’Etat Luiz Inacio «Lula» da Silva, a écrit de son côté : «Le Covid a emporté encore une fois un des nôtres. Un grand Brésilien, qui a apporté beaucoup de joie à notre pays.»

Roi du box-office, Paulo Gustavo a eu un autre mérite : celui de contester, avec le triomphe de sa trilogie, la propagande de la toute-puissante Eglise universelle du royaume de Dieu, un mouvement évangélique homophobe et richissime, dont le soutien à Bolsonaro lors de l’élection présidentielle de 2018 a été décisif. Les autres films qui ont attiré les foules dans les cinémas cette dernière décennie sont en effet les Dix Commandements, condensé pour le grand écran d’une télénovela biblique produite par Record TV, la chaîne de l’Eglise, et les deux parties de Rien à perdre, l’hagiographie du pasteur Edir Macedo, créateur et gourou de la secte.

«Un martyr»

Parmi les innombrables réactions des internautes, beaucoup lient le décès à la gestion désastreuse de la pandémie par le gouvernement. Un sentiment qu’a synthétisé, sur l’antenne de TV Globo, un autre comique, Fábio Porchat. Il voit dans la mort de son ami (ils avaient étudié le théâtre ensemble il y a plus de vingt ans), le symbole de deux Brésil : «Celui qui ne doit rien à personne, qui se taille sa place au soleil uniquement par son travail et son talent, en rassemblant les gens et en transmettant des sentiments positifs. Mais aussi le Brésil que nous ne supportons plus, où la tragédie s’est normalisée. 420 000 familles, et nous tous, ne supportons plus ce Brésil écrasé sous le poids de l’incompétence, de l’ignorance et de la négligence.» Avant de conclure : «Paulo est un martyr.» (Liberation)

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