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MALI. Le pays de nouveau dans l’incertitude après le coup de force des militaires

Après un premier coup d’État le 18 août, les militaires maliens ont une nouvelle fois renversé le pouvoir civil en place en attendant les élections. Plongeant dans l’inconnu leur pays en proie au terrorisme.

Deux coups d’États en moins d’un an. Après avoir démis de ses fonctions, le 18 août, le président élu Ibrahim Boubacar Keïta, les militaires maliens ont cette fois déposé, mardi 25 mai, le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane. Ces personnalités civiles avaient été désignées, sur pression de la communauté internationale, pour gouverner pendant une transition de dix-huit mois avant de nouvelles élections, en 2022.

Des militaires ont arrêté lundi soir Bah Ndaw et Moctar Ouane ainsi que le ministre de la Défense Souleymane Doucouré avant de les conduire au camp militaire de Kati, près de Bamako, siège de l’appareil militaire malien. Le colonel Assimi Goïta, vice-président du Mali, déjà à l’origine du coup d’État d’août, les a ensuite officiellement démis de leurs fonctions hier.

Incertitude

Il a expliqué son nouveau coup de force, condamné unanimement par la communauté internationale par un remaniement ministériel pour lequel la junte n’aurait pas été consultée. Des explications qui ne convainquent pas les observateurs.

C’est l’incertitude la plus totale ! Impossible de savoir ce qui va suivre dans ce pays déjà en proie aux conflits intercommunautaires et à la présence de groupuscules terroristes qui gagnent du terrain​, souligne Caroline Roussy responsable du département Afrique/s à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), qui était présente à Bamako la semaine passée. Dès le 20 mai, il y avait dans la capitale des rumeurs très contradictoires sur la situation à la tête du gouvernement, sur fond de grève illimitée des fonctionnaires, avec un Premier ministre qui était en négociations pour proposer un nouveau gouvernement. C’était très instable.

« L’idée d’une république islamique malienne »

Un médiateur de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) était attendu en fin de journée mardi.Il va sans doute y avoir de nouvelles sanctions prises, souligne Caroline Roussy.

On ne connaît pas encore la stratégie d’Assimi Goïta ni qui sont ceux qui le soutiennent pour ce nouveau coup. Il semble que beaucoup de personnalités politiques ces dernières semaines étaient déjà dans l’esprit de faire campagne pour 2022, et ne souhaitaient plus s’engager au gouvernement, ce qui a peut-être accru l’instabilité​, explique la chercheuse. Ce pays n’en finit pas de s’effondrer. Avec le spectre, face à tant d’instabilité, que certains n’en viennent à entrevoir l’idée d’une république islamique malienne.

À Bamako mardi, la situation demeurait calme. Les Maliens étaient déjà pessimistes sur l’avenir de leur pays avant ce coup d’État, mais il y a une espèce de résilience mêlée d’abattement au sein de la population​, souligne Caroline Roussy.

Les dirigeants européens ont condamné avec la plus grande fermeté l’arrestation du président du Mali et de son Premier ministre, qui constitue « un coup d’État dans le coup d’État, inacceptable », a déclaré mardi le président Emmanuel Macron à l’issue d’un sommet européen, annonçant la possibilité de sanctions ciblées.

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