Réunis à Accra ce dimanche suite au nouveau coup de force des militaires maliens, les pays membres de la Cédéao ont décidé de suspendre le Mali, a déclaré l’un des chefs d’Etat présent à l’envoyé spécial de RFI.
Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel, et notre envoyé spécial à Accra, Peter Sassou Dogbe
« Après de longues discussions, les chefs d’Etats et de gouvernements ont décidé de suspendre le Mali des institutions de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao)», ont précisé dans un communiqué les dix chefs d’États présents lors du sommet de la Cédéao à Accra, ce lundi 30 mai 2021.
À Accra, le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao a pris des sanctions institutionnelles contre le Mali. Le pays ne pourra plus jusqu’à nouvel ordre assister aux sessions des chefs d’Etats, aux conseils des ministres ou encore aux sessions du Parlement de l’institution sous-régionale.
Lignes d’action
Le sommet avait pour but de définir les lignes d’action pour la transition. Deux choses à retenir : la première, c’est que les chefs d’Etats ont fermement condamné ce récent coupt d’Etat, qui, selon le communiqué final est une « une violation des décisions prises lors du sommet extraordinaire qui s’est tenu à Aburi, au Ghana, le 15 septembre 2020 » et une violation de la charte de la transition. D’ailleurs, Assimi Goïta, qui était dans la capitale ghanéenne, n’a pas pris part au sommet.
Deuxième chose : le Mali est suspendu de toutes les instances de la Communauté. C’est à dire que le Mali est maintenant isolé dans la Cédéao. La conférence des chefs d’Etats a demandé le respect strict du calendrier de la transition. Un Premier ministre civil va être nommé avec un gouvernement inclusif, pour poursuivre le programme de transition.
Le président nigérien, Mohamed Bazoum a voulu clarifier ces décisions :
«Il n’était pas possible que nous ne prenions pas des sanctions.»
«A partir de maintenant, ce sont des autorités illégales qui viennent de s’emparer pouvoir, et que nous avons condamné. Mais nous avons décidé d’exclure le Mali des instances dela Cédéao (…) Le mécanisme habituellement prévu par la » Cédéao, ce n’est pas quelque chose de récent. C’est quelque chose qui est arrivé à plusieurs reprises par le passé dans d’autres pays. Il n’était pas possible que nous ne prenions pas des sanctions.»
Monitoring
Il faudra au colonel Assimi Goïta, beaucoup d’habileté pour nommer un Premier ministre civil accepté par tous. Un dispositif de monitoring de toute la transition sera mis en place par la Cédéao, et le Mali a jusqu’au 27 février 2022 pour organiser les élections législatives et présidentielle.
Sur ce point, le débat a été très houleux lors du huis-clos, selon une source proche de la Commission, mais la Cédéao a réitéré les sanctions intérieures, selon lesquelles le chef de la transition, le vice-président, et le Premier ministre, ne devraient pas être candidats aux élections.
Fixer le cap
Mais aucune sanction économique n’a été prise, et le colonel Assimi Goïta reste à son poste. Il s’agit donc d’une semi-victoire sur le plan sous-régional. Le colonel revient plutôt satisfait de son séjour à Accra. Mais très rapidement, il devra prendre la main pour fixer le cap.
Seul un vaste rassemblement de toutes les forces vives peut permettre de conjuguer les efforts pour y parvenir. Surtout quand on sait que l’administration est absente sur plus de la moitié du territoire national. Le nouveau président de la transition doit également faire face à la crise sécuritaire.
Le front social est également une autre pomme chaude . L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a suspendu sa grève, mais a toujours en poche ses revendications. (Rfi)