samedi, mai 18, 2024
AccueilAFRIQUESENEGAL. Une tabaski contrariée par le Covid-19

SENEGAL. Une tabaski contrariée par le Covid-19

Dans un contexte de flambée de cas de Covid-19, les Sénégalais sont appelés à faire montre de discipline à l’approche de la grande fête musulmane de l’Aïd.

Le Sénégal a annoncé, mercredi 14 juillet, avoir enregistré un nombre record de contaminations au Covid-19, avec un taux de positivité de plus de 25 %. Une progression « fulgurante » qui requiert une vigilance accrue, selon le président Macky Sall, qui n’a pas annoncé de nouvelles restrictions sanitaires à quelques jours des grandes célébrations de la tabaski, nom donné en Afrique de l’Ouest à la grande fête musulmane du sacrifice, l’Aïd al-Adha. Cet événement est, pour de très nombreux Sénégalais, l’occasion de voyager à travers le pays pour rendre visite à leur proche en empruntant généralement des bus et taxis collectifs bondés.

Pas de nouvelles mesures restrictives

Malgré un relâchement de la vigilance depuis plusieurs mois et l’inquiétude croissante du monde médical, le gouvernement et le président Macky Sall privilégient les mesures incitatives et la sensibilisation des populations. Lors d’un conseil des ministres, le chef de l’État sénégalais a « insisté sur l’impératif de respecter les mesures barrières, le port systématique du masque, la limitation des rassemblements et déplacements au regard de la multiplication fulgurante, aux plans mondial, continental et national, des infections de Covid-19 », selon un communiqué de la présidence.

Macky Sall n’a en revanche pas évoqué le retour du couvre-feu, de l’interdiction des déplacements entre les régions ou de celle des rassemblements. Ces restrictions, mises en place lors des deux précédentes vagues, ont été levées après des émeutes sociopolitiques en mars. Dans ce contexte, il apparaît clairement que d’éventuelles nouvelles restrictions risquent d’être particulièrement impopulaires à quelques jours de la tabaski.

Le président a « surtout » prôné l’accélération de la campagne de vaccination, « avec l’acquisition de nouvelles doses par l’État », alors que de nombreux centres de santé font face à des pénuries et qu’une partie importante de la population rechigne à se faire vacciner. Le Sénégal, pays d’environ 16 millions d’habitants, approche des 600 000 doses de vaccin injectées. Le ministre de la Santé a aussi annoncé l’arrivée d’ici à la fin du mois de près de 500 000 doses de vaccin, alors que le pays fait face à une pénurie.

Record de contamination

Le ton est plus alarmiste du côté des soignants. Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) avait appelé plus tôt dans la semaine à « interdire tous les rassemblements religieux, culturels et politiques ». « Les services sont au bord de l’implosion, surtout à Dakar, et bientôt ce sera quasi impossible de trouver une place pour les malades graves qui sont de plus en plus jeunes », avait averti le syndicat médical. Au cours de la dernière semaine, 3 160 cas ont été enregistrés, faisant passer le nombre total de contaminations à 47 596, pour 1 203 décès. La moitié des cas proviennent de la région de Dakar.

« La menace d’une catastrophe sanitaire et sociale avec l’explosion de la pandémie de Covid-19 et le variant Delta n’a jamais été aussi imminente à la veille de la fête de la tabaski. L’État doit prendre les mesures qui s’imposent immédiatement. La politique de l’autruche [est] irresponsable », a pour sa part tweeté Alioune Tine, une voix écoutée de la société civile, fondateur du centre de réflexion Afrikajom Center.

Le Comité national de gestion des épidémies, principal organe de lutte contre le coronavirus, « recommande » le port « systématique du masque », ainsi que d’éviter les « déplacements et voyages pendant cette période de fête de la tabaski », a, pour sa part, déclaré sur les réseaux sociaux le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.

Un rebond généralisé en Afrique

L’augmentation rapide des contaminations au Sénégal s’inscrit dans un rebond général en Afrique, qui « vient de vivre la semaine la plus désastreuse de l’histoire des pandémies sur le continent », selon le l’OMS, qui prévoit que « le pire reste à venir ». « Le nombre de décès a fortement augmenté au cours des cinq dernières semaines. C’est un signe d’avertissement clair que les hôpitaux des pays les plus touchés atteignent un point de rupture », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Le premier élément à l’ordre des priorités pour les pays africains est de renforcer la production d’oxygène afin de donner une chance de s’en sortir aux patients touchés par une forme grave de la maladie », a-t-elle insisté lors d’une conférence de presse virtuelle. (lepoint.fr)

ARTICLES LIÉS
- Advertisment -

Les plus populaire

Commentaires récents