samedi, mai 25, 2024
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LIBAN. Le Parlement accorde sa confiance au nouveau gouvernement

Huit heures de séance plénière. C’est le temps qu’il aura fallu avant que les 85 députés acceptent d’accorder, ce lundi soir, leur confiance au nouveau gouvernement du Liban, dirigé par la Premier ministre Najib Mikati, magnat des télécoms impliqué dans plusieurs affaires de corruption. Au total, selon le décompte énoncé par le président du Parlement Nabih Berri, 15 d’entre eux ont voté contre. La fin de 13 mois de vide politique au Liban, aux prises avec des chefs de clans et des partis communautaires.

Car depuis l’explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 et la démission du cabinet de Hassan Diab, le pays était resté sans gouvernement. Pas de quoi améliorer sa situation économique qualifiée, par la Banque mondiale, d’une des pires au monde depuis 1850. Avec une dégringolade de la monnaie nationale, une inflation galopante et des licenciements massifs, 78 % de la population libanaise vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU. Alors, pour ce nouveau gouvernement composé de 24 membres et formé le 10 septembre, le principal objectif sera bien de stopper l’effondrement du pays.

Parmi les innombrables défis qui l’attendent, il devra ainsi parvenir rapidement à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), étape incontournable pour une sortie de crise. Devant les Parlementaires, Najib Mikati s’est engagé à reprendre les négociations avec l’institution et «à développer un plan pour relancer l’économie». Il a également promis de s’attaquer à la crise bancaire du pays, alors que les Libanais sont soumis à des restrictions bancaires draconiennes depuis l’automne 2019, en l’absence de tout cadre légal aux mesures prises par les banques. Le nouveau cabinet devra, par ailleurs, préparer le terrain pour la tenue des élections législatives prévues en mai 2022.

«Ce pays n’en est pas un»

Signe de cette situation bousculée, la réunion au cours de laquelle Najib Mikati devait présenter son programme, elle-même, a dû être décalée. Initialement prévue à 11 heures, elle s’est finalement tenue une heure plus tard. La raison ? Une coupure de courant, comme il y en a tant d’autres en ce moment dans le pays. Dans quelques régions, certaines durent même jusqu’à 22 heures par jour. Des propriétaires de générateurs sont parfois contraints de rationner leur production à mesure que le carburant se raréfie. Et les queues interminables ne cessent de s’allonger devant les stations d’essence.

Résultat : les députés ont dû se rassembler dans une cour à l’extérieur en attendant que le courant revienne. Une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. «C’est embarrassant […] Ce pays n’en est pas un», a lancé le député Teymour Joumblatt à un journaliste alors que le chef du Parlement, Nabih Berri, pressait le Premier ministre d’aller vite dans son intervention de crainte d’une nouvelle coupure.

Une grande partie de la population accuse la classe politique jugée corrompue et incompétente d’être à l’origine de l’effondrement financier du pays. Les autorités sont surtout accusées de clientélisme et de détournement de fonds dans le secteur de l’électricité, qui a coûté à l’Etat plus de 40 milliards de dollars depuis la fin de la guerre civile en 1990. Depuis la formation du cabinet, le scepticisme reste de mise au sein de la population, les mêmes partis, conspués unanimement lors d’un mouvement de contestation inédit il y a près de deux ans, étant encore au pouvoir. (Libération)

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