mardi, mai 7, 2024
AccueilCULTUREQuand le livre africain fait salon à Paris

Quand le livre africain fait salon à Paris

Trois jours rythmés par les allées et venues de près de 4 000 visiteurs, ravis et curieux de découvrir tous ceux qui font et tout ce qui fait la richesse de la littérature africaine francophone : son histoire, ses traditions, sa poétique, ses réflexions, sa diversité. Dans les salles combles de la mairie du 6e arrondissement de Paris, des hauts plafonds ornés de lustres, une ambiance feutrée et des livres à perte de vue. Le craquement de bois du parquet est presque imperceptible, masqué qu’il est par l’effervescence des échanges entre visiteurs, auteurs, éditeurs, libraires et artistes en tous genres. Organisateur de cette première édition du Salon du livre africain à Paris, Erick Monjour, né à Madagascar, entretient des liens forts avec le continent pour lequel il a choisi, au c?ur du quartier latin, « un lieu central et symbolique ». Et c’est indéniablement un succès. « Ces dernières années, de nombreux écrivains africains se sont fait connaître, et il y a une demande de plus en plus forte des éditeurs. La littérature africaine est en pleine expansion, ce salon à Paris en est la consécration », indique-t-il.

Célébrer la richesse de la littérature africaine?

Au rendez-vous, plus d’une soixantaine de maisons d’édition, dont l’emblématique Présence africaine, Karthala qui a fêté ses 40 ans, Gallimard, l’Harmattan, mais également des maisons d’édition africaines venues de 35 pays du continent. « Ce salon a permis de rendre visibles les invisibles. Grâce à cette synergie entre tous les créateurs culturels, nous avons fait un très bel événement, un très beau salon », souligne Xavier Audrain, directeur général de Karthala, une maison d’édition qu’il revendique « achromatique » et qui s’est fortement tournée vers les problématiques de l’Afrique ainsi que vers la recherche.

Du côté des auteurs, ils étaient une centaine. Des plus confirmés aux nouvelles générations. Parmi les temps forts de la manifestation, il y a eu la remise du prix Senghor 2021. Celui-ci a été décerné à la jeune écrivaine congolo-roumaine Annie Lulu pour son livre autobiographique La Mer noire dans les Grands Lacs. Il y a aussi eu des hommages aux disparus, notamment celui consacré à René Maran pour le centenaire de son prix Goncourt pour son livre Batouala. Également des lectures, dédicaces, tables rondes autour d’intervenants passionnés par des thématiques, riches et diverses. « Le programme a montré une grande diversité des axes qui peuvent être abordés, la littérature, le document, la politique, l’intérêt étant d’offrir un territoire d’expression aussi large que possible. » D’autres conversations se sont aussi tenues lors de ce salon. Cette fois-ci, plus intimistes. Celles de l’auteur à son public : Mohamed Mbougar Sarr pour La Plus Secrète histoire des hommes, Hella Feki pour Noces de jasmin, Fiston Mwanza Mujilla pour La Danse du vilain. Bien d’autres écrivains de renom comme Gaston-Paul Effa, Gaël Octavia, Eugène Ébodé, Nimrod, Gaëlle Bélem, Anne Terrier, Boniface Mongo-Mboussa, Asya Djoulaït, Khalil Diallo, etc. ont partagé leur passion, leur créativité littéraire, leur histoire personnelle et celle qui les lie à l’Afrique lors d’échanges privilégiés.

Un nouveau rendez-vous dans la capitale française

Le voyage culturel ne s’est pas arrêté pas là. Dans les couloirs et allées de la magnifique bâtisse de la mairie du 6e arrondissement, des photos en noir et blanc ont occupé les murs. Celles de Maurice Pellosh réalisées à Pointe-Noire dans les années 1970. Des poésies, du slam, des contes et de la musique en live ont aussi été diffusés. Le monde du cinéma y a aussi été mis à l’honneur. Ce salon n’a décidément pas été qu’une rencontre littéraire, il a aussi été une invitation au voyage vers d’autres histoires et d’autres contrées. À l’arrivée, un pari réussi qui donnera sûrement envie à cette nouvelle génération d’écrivains de continuer à raconter, grâce à la pluralité des écritures qui leur est offerte, les Afrique d’aujourd’hui et d’antan, et de nous plonger dans cette littérature africaine si intrépide et contrastée. Rendez-vous en 2023 pour le prochain Salon du livre africain à Paris. (Le Point)

ARTICLES LIÉS
- Advertisment -

Les plus populaire

Commentaires récents