samedi, mai 18, 2024
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RDC. Les périlleuses missions des écogardes du parc des Virunga

Le parc national des Virunga, le plus vieux parc d’Afrique, est confronté à de nombreux défis. Selon la direction du parc, plus de 12% de sa superficie est aujourd’hui envahie par les communautés locales et les groupes armés. Des activités illicites y sont organisées, dont l’exploitation des ressources naturelles. L’une de ces activités est la coupe illégale de bois par des hommes armés et par la population civile. Les écogardes du parc doivent concilier fermeté et pédagogie.

Bahati, 35 ans, est écogarde, conservateur et chef du secteur sud du parc. Sa mission  : préserver ce poumon vert de l’Afrique centrale, sensibiliser à la coupe des bois utilisés pour le chauffage mais aussi transformés pour faire du charbon de bois que l’on appelle aussi Makala.

Ce matin, sa patrouille surprend un groupe de civils dont des femmes en train d’abattre quelques arbres dans une zone d’habitat des gorilles de montagne. 

Bahati procède à la sensibilisation. « Maman, pourquoi vous n’écoutez pas ? Combien de fois doit-on vous interdire cette pratique ? Allez cultiver, ne détruisez pas la forêt », l’enjoint-il.

Il y a une semaine, Bahati et son équipe ont interpellé une dizaine de personnes et intercepté leurs convois. « Nous avons saisi ces Makala [charbons de bois, NDLR] il y a une semaine. C’était trois camions qui quittaient Kalengera pour Goma. Nous les avons tous saisis et nous les avons emmenés ici. Tout a été déchargé et les véhicules ont été emmenés à l’auditorat. »

Camp de détention provisoire dans le parc

Pour les braconniers, les officiers de la police judiciaire peuvent désormais agir plus rapidement et renvoyer les responsables vers les autorités compétentes. 

Un centre de détention provisoire a même été crée au cœur du parc, à Rumangabo. « Certains sont emmenés ici suite au braconnage. Ils tuent les animaux du parc. On les verbalise et on transmet le dossier au parquet et à l’auditorat. »

Selon le directeur du parc, ces Makala sont vendus dans les grandes agglomérations comme Goma et Bukavu. Le trafic du charbon de bois s’élève à 40 millions de dollars par an, et plus de 80% vient du parc. Une grande partie de ces productions se fait dans des zones contrôlées par des groupes armés.

Routes dangereuses

Un écogarde du Parc National des Virunga a été tué vendredi 15 octobre à Chanika, dans le territoire de Lubero, dans le territoire de Beni. Il a succombé à ses blessures après avoir reçu une balle tirée par des hommes armés non autrement identifiés. Occupée pendant plusieurs mois par des miliciens Mai-Mai, Chanika avait été reprise début octobre par les forces loyalistes au cours d’une opération menées par des militaires et des écogardes.

Arme à la main droite, béret bien en place, Bahati prend place à bord d’un véhicule du service. Il emprunte la dangereuse route nationale n°4 en quittant Rumangabo pour Kibumba. « Nous sommes obligés d’escorter les touristes qui viennent, explique-t-il. C’est la même chose avec notre personnel. Nous ne pouvons pas les laisser seuls sur les routes dangereuses. »

Les miliciens Nyatura, une faction des FDLR, sont installés parfois à environ un kilomètre de la chaussée. Et les enlèvements ne sont pas rares.

C’est également dans cette zone que l’ambassadeur italien Luca Attanasio a été tué dans une embuscade en février dernier. Actuellement dans le parc, plus de 2 000 miliciens sont actifs. Contrairement à d’autres aires protégées du monde, les écogardes d’ici ne font pas que de la conservation environnementale pure. Ils organisent également des convois de protection des civils chaque jour sur la section de la route nationale n°2 qui traverse le parc. Travail difficile face à ces miliciens actifs aussi dans l’exploitation des ressources naturelles. Pas moins de 22 écogardes ont été tués de 2020 à ce jour. (rfi.fr)

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