vendredi, mai 3, 2024
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«Otoniel», le plus redoutable narcotrafiquant de Colombie, ne fera plus parler la poudre

«C’est le coup le plus dur qui ait été porté au trafic de drogue au cours de ce siècle dans notre pays […] seulement comparable à la chute de Pablo Escobar», a fièrement annoncé le président colombien Ivan Duque sur Twitter dans la nuit de samedi à dimanche. Et il avait de quoi : Dairo Antonio Usuga, alias «Otoniel», le narcotrafiquant le plus recherché du pays et pisté également par les Etats-Unis, a été arrêté dans une opération spectaculaire.

«Otoniel» a été capturé à Necocli dans le nord-ouest du pays, près de la frontière avec le Panama. Il s’agissait de «l’expédition dans la jungle la plus importante jamais vue dans l’histoire militaire de notre pays», selon Duque. Plusieurs services de la police colombienne ont mené «une importante opération satellitaire avec des agences des États-Unis et du Royaume-Uni», a expliqué en conférence de presse le directeur de la police, le général Jorge Vargas. L’opération, nommée «Osiris», a mobilisé quelque 500 membres des forces de sécurité, appuyés par 22 hélicoptères, a-t-il précisé. Un policier a été tué.

Le narcotrafiquant a ensuite été transféré vers Bogota par avion, où il a été emmené dans les locaux de la police sous forte escorte, comme l’a abondamment relayé l’autoritaire président colombien sur les réseaux sociaux dans une étrange mise en scène. «Otoniel», qui a été inculpé par la justice américaine en 2009, fait notamment l’objet d’une procédure d’extradition devant le tribunal du district sud de New York. Les Etats-Unis avaient offert une récompense de 5 millions de dollars pour sa capture.

«Il existe des ordres d’extradition pour ce criminel et nous allons travailler avec les autorités pour atteindre cet objectif également», a commenté à ce propos le chef de l’Etat colombien. La chute d’«Otoniel» représente le principal succès du gouvernement du président conservateur dans la lutte contre le crime organisé, ceci dans le plus grand pays exportateur de cocaïne au monde.

Le narcotrafiquant, âgé de 50 ans, était à la tête du Clan del Golfo, le plus puissant gang de narcotrafiquants de Colombie, formé d’anciens membres de groupes paramilitaires qui ont mené une lutte acharnée contre les guérillas de gauche jusqu’aux années 2010. L’arrestation de son chef représente le plus gros coup porté par le gouvernement colombien au crime organisé dans le pays. Le cartel, financé principalement grâce au trafic de drogue, à l’exploitation minière illégale et à l’extorsion, est présent dans près de 300 municipalités du pays, selon le groupe de réflexion indépendant Indepaz.

Le gouvernement colombien accuse le Clan del Golfo d’être l’un des responsables de la pire vague de violence qui secoue le pays depuis la signature de l’accord de paix en 2016 avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxiste).

En 2017, Otoniel avait annoncé son intention de parvenir à un accord pour se rendre à la justice. Le gouvernement avait répondu en déployant pas moins de 1 000 soldats pour le pourchasser. Selon la police, le narcotrafiquant se cachait dans la jungle, dans la région d’Uraba, dont il est originaire, et n’utilisait pas de téléphone, s’appuyant sur des coursiers pour communiquer. Harcelé par les autorités, il y «dormait sous la pluie, sans jamais s’approcher des zones habitées», a assuré le général Vargas. «Il se déplaçait avec huit cercles de sécurité» autour de lui, a-t-il précisé.

Otoniel était devenu le chef du Clan del Golfo après la mort de son frère Juan de Dios, «Giovanni», lors d’affrontements avec la police en 2012. Il avait pris les armes à l’âge de 18 ans comme guérillero dans l’Armée de libération populaire (EPL), une guérilla marxiste démobilisée en 1991. Après avoir déposé les armes, il était retourné combattre dans les groupes paramilitaires d’extrême droite. Nombre de ces groupes avaient été démobilisés en 2006 à l’initiative du gouvernement de l’ex-président de droite Alvaro Uribe (2002-2010). Mais Otoniel avait décidé de rester dans l’illégalité.

Malgré quatre décennies de lutte contre le trafic de drogue, la Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne, dont les États-Unis sont le premier consommateur. (Libération)

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