Accueil FAITS DIVERS Enchères. La plus importante vente de montres Zenith au monde

Enchères. La plus importante vente de montres Zenith au monde

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Nous sommes en mai 2021, lors d’une matinée ensoleillée à Reims, l’expert CEA en montres de collection Alexandre Léger se trouve devant 33 scellés de banque contenant des montres, des stylos et des couteaux. « Un trésor représentant près de 3 chariots de supermarché rempli à ras bord et comprenant près de 200 kilos d’acier, d’or, d’argent et de platine », nous confie le spécialiste, qui ne s’attendait pas à une telle découverte. « Une trouvaille faramineuse dans la vie d’un expert en horlogerie, d’autant plus que personne ne savait réellement ce qui se trouvait dans les coffres », surenchérit Alexandre Léger, qui précise que chaque objet était soigneusement rangé « à la manière d’un Tetris », dans des boîtes de médicaments, de bonbons ou dans des lingettes pour bébé.

Joël Duval, un amateur de Zenith pas comme les autres

Au total, 1 200 pièces d’horlogerie sont mises au jour. Mué en détective, Alexandre Léger a expertisé pendant près de sept mois les différents objets découverts au fur et à mesure de son enquête. Cette collection, c’était celle de Joël Duval, récemment décédé, collectionneur aguerri de montres pendant plus de 30 ans, qui a chiné dans le monde entier afin de trouver la perle rare. « Il était un de ces collectionneurs compulsifs atteints de collectionnite aiguë », souligne l’expert. Il a de plus tissé un réseau physique et virtuel sur tous les continents pour trouver des pépites inconnues qu’il a mises en valeur à travers le plus grand forum francophone d’horlogerie, qu’il a créé en 2005 : Forum à montres, comprenant près de 100 000 membres.

Zenith El Primero © Chativesle

« Il fut surtout une mémoire vivante de la marque Zenith à laquelle il dédia un livre, La Saga d’une manufacture horlogère étoilée, paru chez Albin Michel en 2015 ainsi qu’un site Internet dévoué à la manufacture », poursuit Alexandre Léger. Soixante pour cent de la collection mise à l’encan est d’ailleurs contenue dans l’ouvrage, qui fait aujourd’hui référence. Il était donc naturel pour la maison Chativesle et son expert de lancer la dispersion de la collection ? qui se poursuivra en janvier 2022 avec les couteaux et les stylos, puis, en avril 2022, avec la marque Omega ? par la manufacture Zenith, si chère à monsieur Duval.

Une vente fleuve et monomarque jamais réalisée auparavant

Parmi la multitude de pièces découvertes, 225 montres Zenith que la famille Duval a décidé de mettre aux enchères. « Un patrimoine horloger exceptionnel qui balaye toute l’histoire de la marque et plus généralement de l’horlogerie. Cette vacation 100 % Zenith constitue la plus importante vente jamais réalisée au monde de la griffe horlogère », se réjouit Alexandre Léger, qui explique par ailleurs que « toutes les montres ont été retrouvées dans un état de conservation remarquable. En effet, après leur achat, les montres n’étaient quasiment pas portées par Joël Duval, qui les stockait directement dans des coffres. » Un critère qui, en plus de la provenance prestigieuse des montres, devrait ravir les collectionneurs avisés, d’autant plus que les estimations se veulent « incitatives », souffle Alexandre Léger avec des montres de poche et des montres de poignet estimées à partir de 100 euros (et jusqu’à 40 000 euros).

Les 4 saisons par Mucha, lots 222 à 226 © Chativesle

Au sein de la sélection de montres de poche ? dont de nombreuses montres gravées et dites de « chemin de fer » européen que le collectionneur plébiscitait tout particulièrement ?, le lot 116 devrait attirer toutes les convoitises. Il s’agit de la collection « Graal de Joël Duval », comprenant 5 montres de poche ou savonnette en argent. « Des pièces qui possèdent une raquette de Rosat, qui illustre, encore aujourd’hui, la page d’accueil du Forum à montres. Elles tenaient une place particulière dans la collection et représentent la quintessence de ce qu’un collectionneur Zenith recherche », commente Alexandre Léger. Elles sont estimées prudemment entre 300 et 500 euros. À noter également, les lots 223 à 226, estimés entre 1 000 et 2 000 chacun ? avec faculté de réunion à l’issue des quatre enchères ?, contenant les quatre saisons par Alphonse Mucha. « Des montres réunies après 20 ans de recherche de Joël Duval. C’est la première fois depuis l’Exposition universelle de 1900 à Paris que les quatre montres se retrouvent ensemble, ce qui fait toute leur rareté », nous apprend encore Alexandre Léger.

Concernant la montre-bracelet, la vente recèle des pièces inédites et peu connues du grand public des années 1950 jusqu’aux années 2010. À relever, de nombreux lots phares, à l’image des lots 49 à 56, la collection de Defy dite « Boulon », le coup de c?ur de l’expert. « Elles sont l’équivalent de la Royal Oak ou de la Nautilus chez Zenith. Nous sommes au milieu des années 1970, et les formes des lunettes facettées ainsi que les cadrans colorés et fumés nous transportent dans une époque joyeuse de l’horlogerie, juste avant la crise du quartz. » Des montres d’exception estimées raisonnablement entre 400 et 1 500 euros. Également les séries limitées à 50 exemplaires en platine, éditées par Zenith entre 2006 et 2009 (entre 8 000 et 14 000 euros) ainsi que divers chronographes des années 1970 dits « Rainbow » (lots 70 à 73) équipés du fameux mouvement automatique El Primero qui équipa à la même époque les Rolex Daytona « mouvement Zenith (entre 1 800 et 3 000 euros). Enfin, le seul prototype Damas de l’histoire de la manufacture du Locle. Réalisé vers 1997 par Marc Alfieri, coutelier et designer, ce garde-temps unique réunit les deux passions de Joël Duval, à savoir la coutellerie et les montres Zenith. À n’en pas douter, la pièce majeure de la vacation et qui devrait battre un record sous le marteau (entre 20 000 et 40 000 euros). (Le Point)

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