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MADAGASCAR. Transparency International pointe la corruption dans le milieu de la santé

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Transparency International a présenté vendredi son baromètre de la corruption dans le domaine de la santé. Une enquête réalisée dans les six chefs-lieux de province de la Grande Ile, auprès de 3300 usagers et 469 personnels de santé. Meilleure qualité de soins en échange de pot-de-vin, paiement de soins ou de médicaments censés être gratuits ou encore soins par favoritisme… La corruption amplifie les inégalités d’accès aux soins. Un peu plus de 40% des Malgaches interrogés estiment que la corruption est fréquente dans ce domaine.

Si un usager sur quatre déclare avoir été victime de corruption dans le domaine de la santé, seul un agent de santé sur 20 reconnait en avoir été l’auteur, indique l’enquête de Transparency International. Une corruption plus présente dans les zones enclavées, explique Gérald Pruvot, chargé de projet au sein de Transparency International.

« C’est la situation géographique qui pose problème. La plupart des zones sont enclavées. Il y a des villages qui sont vraiment éloignés des centres de santé et pour se faire soigner, les gens doivent faire un trajet de 2h/2h30, même voyager dans la nuit pour pouvoir arriver au centre de santé et la plupart des personnels de santé refusent de soigner ces gens sans être payés en avance. Le problème, ce sont les intrants qui manquent dans ces zones. De ce fait, les centres de santé sont obligés de s’approvisionner par eux-mêmes. Mais ils vont faire impacter ces coûts à la population qui va payer ces intrants qui manquent. »

Du personnel dans des zones enclavées qui assure la responsabilité d’un centre de santé de base bien souvent seul et avec un salaire très bas, 500 000 ariary par mois en moyenne pour un infirmier, soit 110 euros. Un constat frustrant pour Estelle, agent de santé venu assister à la présentation de l’enquête.

« On va assumer notre part de responsabilité mais quand même il faut dire que la corruption ne vient pas seulement de nos agents. Il y a une grande part de responsabilité de l’Etat puisqu’on assume une lourde responsabilité vis à vis de nos concitoyens avec peu puisqu’on est peu rémunérés. Nous ne sommes pas motivés. On encourage l’Etat à nous donner d’autres motivations, et ce n’est pas seulement une motivation financière. Nous avons traversé deux vagues de Covid-19 mais nous avons constaté que nous n’avons pas de reconnaissance de l’Etat. Il y a des problèmes de ravitaillement, par exemple pour les produits de planification familiale, on a besoin de coton et d’autres intrants qui ne sont pas livrés. Il y a aussi le cas des vaccins, on a besoin de coton, d’alcool, etc. que l’Etat ne ravitaille pas. Alors les gens sont forcés de faire – je vais parler en malgache – un petit ‘rakitra’, c’est à dire une quête, que les agents de santé prennent pour acheter ces petits consommables. Mais en fait cela devient de la corruption puisqu’on n’a pas le droit de le faire. Mais on ne peut pas tout assumer. Je ne vais pas payer les intrants du centre de santé puisque mon salaire, c’est pour ma famille mais pas pour acheter des consommables. »

Pour réduire la corruption dans le secteur de la Santé, Transparency plaide notamment pour une plus grande transparence concernant la gratuité ou les coûts des soins et des médicaments dans les formations sanitaires, des contrôles réguliers dans ces dernières, une meilleure rémunération des soignants et une augmentation du budget de ce secteur. Madagascar alloue environ 7% de son budget à la santé publique. (rfi.fr)

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