Kevin Strickland, 62 ans, avait été condamné en 1979 pour un triple meurtre qu’il a toujours nié avoir commis. Une campagne de financement participatif sur internet a été mise en place pour l’aider à s’installer dans sa nouvelle vie.
Un sexagénaire afro-américain a été disculpé et remis en liberté mardi par un tribunal du Missouri après avoir passé 43 ans en prison après une erreur judiciaire. Kevin Strickland, 62 ans, avait été condamné en 1979 à la réclusion à perpétuité par un jury entièrement blanc, pour un triple meurtre qu’il a toujours nié avoir commis.
« Aucun indice matériel ne le liait au crime et il a été condamné uniquement sur la base du témoignage » d’une rescapée qui s’est ensuite rétractée, a relevé le juge James Welsh dans sa décision. De plus, deux des quatre auteurs du raid meurtrier l’avaient formellement mis hors de cause, a souligné le magistrat.
« La confiance du tribunal dans la condamnation de M. Strickland est tellement minée qu’elle ne peut pas tenir », a-t-il conclu en ordonnant la « remise en liberté immédiate » du prisonnier.
La procureure du comté de Jackson, qui avait demandé l’annulation de la condamnation, a salué cette décision. « Justice est — enfin — rendue pour cet homme qui a tellement souffert de cette tragique erreur judiciaire », a déclaré Jean Peters Baker dans un communiqué.
Une campagne de financement participatif mise en ligne
Le nom de Kevin Strickland vient désormais allonger une longue liste d’Américains victimes d’erreurs judiciaires, et se situe parmi ceux ayant passé le plus de temps derrière les barreaux.
Selon le « National Registry of Exonerations », un projet mené par plusieurs universités américaines, les quelque 2 500 personnes blanchies par la justice ces trente dernières années ont passé en moyenne 13,9 années en prison, avec un maximum de 47 ans et 2 mois.
Obtenir des dédommagements pour ces années perdues n’étant pas toujours facile, l’organisation Midwest Innocence Project, qui a porté le dossier de M. Strickland, a mis en place une campagne de financement participatif sur internet pour l’aider à s’installer dans sa nouvelle vie.
Lui avait indiqué récemment au Washington Post vouloir, une fois libre, se rendre sur la tombe de sa mère, morte cet été, et voir, pour la première fois, l’océan. (OuestFrance)