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ÉTHIOPIE. Les rebelles aux portes de la capitale Addis-Abeba

Trois ans et un prix Nobel après son arrivée au pouvoir en 2018, le Premier ministre Abiy Ahmed a déclenché une guerre qui tourne mal, contre la région réfractaire du Tigré. L’armée recule depuis juin et les rebelles sont à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, Addis-Abeba.

Treillis de combat, casquette de camouflage et lunettes noires. Vendredi 26 novembre, les médias éthiopiens ont montré les premières images d’Abiy Ahmed depuis plusieurs jours. En début de semaine, le Premier ministre avait confié la gestion du pays à l’un de ses lieutenants pour partir au front. Ancien officier du renseignement militaire, Ahmed, 45 ans, entendait diriger en personne une «contre-offensive » de l’armée et repousser les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). La rébellion » venue du nord a fait tomber plusieurs villes sur la route de la capitale : elle est annoncée à 180 km d’Addis-Abeba.

Une guerre dans un semi huis clos

Dans cette séquence télévisée, filmée au milieu d’une campagne aride, le Premier ministre martial affirmait que l’armée nationale a «regagné du terrain ». Mais aucune indication n’était fournie sur le lieu du tournage. De même, un média d’État a affirmé dimanche 28 novembre la reprise de la ville de Chifra aux rebelles, sans qu’il soit possible de vérifier l’information. La guerre, déclenchée par Abiy Ahmed en décembre 2020, a fait des milliers de morts, déplacé 2,5 millions de personnes et affamé plus de 9 millions d’Éthiopiens, selon l’Onu. Mais elle se déroule dans un semi huis clos. Les médias locaux sont strictement contrôlés, les journalistes et ONG étrangers souvent entravés.

De nombreux signes montrent que le pouvoir central de ce pays de 100 millions d’habitants, composé de dix États et quatre-vingt-cinq ethnies, est en grande difficulté.

Trois mois après avoir envoyé l’armée au Tigré, pour punir le TPLF d’avoir organisé des élections sans son aval et attaqué des casernes de l’armée nationale, Abiy Ahmed avait déclaré victoire. Le jeune dirigeant croyait avoir maté les seigneurs tigréens. Ceux-ci avaient tiré les ficelles à Addis-Abeba pendant plusieurs décennies, avant qu’il ne les marginalise à son arrivée au pouvoir en 2018.

Sauve qui peut

Mais depuis début novembre, tout indique une débandade. Abiy Ahmed a décrété l’état d’urgence, puis une mobilisation populaire. Des gloires nationales ont été enrôlées dans l’opération, tel le chanteur Mesfin Bekele et le double champion olympique d’athlétisme Hailé Gebreselassié, prêts à «combattre jusqu’à la mort ». Près de 150 000 jeunes ont été formés à la va-vite par la police et armés pour protéger la capitale.

Surtout, le gouvernement perd son sang-froid et vilipende les «fake news » de Washington, un allié qui a, ces derniers jours, appelé les Américains à fuir l’Éthiopie et mis en garde contre des affrontements ethniques, voire de possibles attentats, ce qui a déclenché un sauve-qui-peut généralisé. De nombreux autres pays, dont la France mardi 23 novembre, ont appelé leurs ressortissants à partir. (OuestFrance)

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