Déçus par une transition démocratique chaotique, ils sontde plus en plus nombreux à s’installer à l’étranger quelles que soient leurs conditions sociales.
Une explosion.C’est ainsi que Youssef Souli décrit les départs à l’étranger des Tunisiens aisés. Selon le chef du cabinet WorkoSolution, spécialisé en ressources humaines, le phénomène s’est aggravé depuis le 25 juillet, date du gel du Parlement par le président Kais Saied.
Nous voyons des cadres seniors, de 40-50 ans, avec une maison et des postes confortables, prêts à tout abandonner pour reconstruire ailleurs si l’occasion se présente. Onze ans après la révolution (commencée le 17 décembre 2010, NDLR), les gens n’ont pas vu d’évolution positive et ils n’ont plus confiance, explique ce spécialiste en recrutement.
39 000 ingénieurs installés à l’étranger en cinq ans
Kaouther, 30 ans, a fait ses valises en septembre. Je fais partie des jeunes engagés dans le processus démocratique. En dix ans, on est allés de déception en déception. Les responsables n’ont aucune vision. J’ai choisi de penser à mon avenir. La jeune femme a retrouvé un poste dans la publicité à Paris, ville qu’elle avait quittée après la révolution de 2011, avec cette idée qu’il fallait participer à la reconstruction de [son] pays ».
Une enquête nationale sur les migrations réalisée avant le coup de force du Président révèle que 39 000 ingénieurs et 3 300 médecins se seraient installés à l’étranger entre 2015 et 2020. Un chiffre qui devrait encore augmenter : le rapport indique qu’un Tunisien sur cinq veut quitter le pays. Et quand la voie légale est impossible, certains n’hésitent pas à prendre la mer.
C’est la première nationalité de migrants illégaux arrivant en Italie. Rafik, 25 ans, a été expulsé en 2020. Enchaînant les petits boulots depuis plusieurs années, il envisage cette fois de s’installer en Turquie : « Je n’ai plus aucun espoir d’avoir une vie correcte en Tunisie. » (OuestFrance)