lundi, mai 6, 2024
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BURKINA FASO. « Démission » du président, fermeture des frontières… des militaires confirment avoir pris le pouvoir

Et soudain, des uniformes en plein écran. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) « qui regroupe toutes les composantes des forces de défense et de sécurité a ainsi décidé de mettre fin au pouvoir de Monsieur Marc Roch Christian Kaboré ce 24 janvier 2022 », annonce lundi soir à la télévision burkinabé le capitaine Kader Ouedraogo, entouré d’une quinzaine de militaires. Quelques heures plus tôt, ces derniers ont pris le pouvoir dans ce pays sahélien miné par les attaques djihadistes, et chassé le président Marc Roch Christian Kaboré. Le début d’une nouvelle crise accueilli avec un dissonant espoir par certains habitants, lassés de la menace islamiste. Pendant ce temps le président déchu, lui, a disparu des radars. Paul-Henri Sandaogo Damiba, nouvel homme fort du pays Conséquence de ce coup de force initié dimanche par des mutineries dans des casernes du pays, les frontières terrestres et aériennes seront fermées à partir de minuit, le gouvernement et l’Assemblée nationale dissous et la constitution « suspendue », annoncent les militaires. Un couvre-feu est instauré de 21 heures à 5 heures – heure locale – sur tout le territoire, poursuit Kader Ouédraogo, un communiqué à la main, signé du leader du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce commandant de la 3e région militaire apparaît comme le nouvel homme fort du pays. Le MPSR s’est engagé lundi « à proposer dans un délai raisonnable (…) un calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous ». Il « appelle les patriotes, les Africains intègres et tous les amis du Burkina Faso à le soutenir et l’accompagner dans ce tournant décisif de l’histoire de notre pays ». « Un nouveau départ pour le peuple burkinabé » Avant le début du couvre-feu, des centaines d’habitants de Ouagadougou sont descendues dans les rues de la capitale pour célébrer cette prise de pouvoir par des cris de joie et des coups de sifflets. « C’est une victoire, un nouveau départ pour le peuple burkinabé avec la chute d’un régime incapable », lance Amado Zoungrana, juché sur une moto le drapeau du Burkina en main. « C’est une nouvelle page pour l’armée burkinabè qui doit rentrer dans l’histoire en se focalisant sur l’essentiel, à savoir libérer le Burkina des groupes terroristes qui nous ont assez endeuillés », renchérit Serge Compaoré. Où se trouve le président déchu ? Une question demeurait lundi soir : où se trouve Roch Marc Christian Kaboré, qui présidait depuis 2015 le pays ? La télévision publique RTB a publié sur Twitter une lettre manuscrite signée de la main de l’ancien dirigeant, dans laquelle il indique « déposer sa démission », « dans l’intérêt supérieur de la nation, suite aux évènements qui s’y déroulent » depuis dimanche. Les militaires se sont contentés d’indiquer que « les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées qui sont détenues dans un lieu sur dans le respect de leur dignité », sans mentionner de noms. Lundi matin, un journaliste de l’AFP a vu près de la résidence du chef de l’État trois véhicules criblés de balles. Des traces de sang étaient visibles sur l’un d’eux. Des tirs avaient été entendus dimanche soir près de la résidence du chef de l’État et un hélicoptère avait survolé la zone tous feux éteints, selon des résidents. Sur le compte Twitter de Roch Marc Christian Kaboré, un message posté lundi en début d’après-midi, dont il était impossible de savoir s’il avait été écrit par lui directement, ni dans quelles circonstances, invitait « ceux qui ont pris les armes à les déposer dans l’intérêt supérieur de la Nation » et appelait au « dialogue et à l’écoute ». Kaboré, réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte antijihadiste sa priorité, était de plus en plus contesté par une population excédée par les violences djihadistes et son impuissance à y faire face. Des soldats se sont mutinés dimanche dans plusieurs casernes pour réclamer le départ des chefs de l’armée et des « moyens adaptés » à la lutte contre les djihadistes qui frappent ce pays depuis 2015. Plusieurs manifestations de colère ont eu lieu ces derniers mois dans les villes du Burkina – et encore jusqu’à lundi – pour dénoncer l’incapacité du pouvoir à contrer les attaques djihadistes qui se multiplient, souvent interdites et dispersées par les policiers antiémeutes. Une conséquence de la menace djihadiste Sur la scène internationale, depuis dimanche ce coup de force a été largement condamné, notamment par l’ONU qui a appelé les auteurs « à déposer les armes » et à protéger « l’intégrité physique » du président Kaboré. Les États-Unis et l’Union européenne ont eux demandé la « libération immédiate » de Roch Marc Christian Kaboré, la France appelant ses ressortissants à la prudence et à éviter tout déplacement au Burkina. Ce putsch survient à l’heure où le Sahel est de plus en plus déstabilisé par les djihadistes qui frappent aussi le Niger et le Mali voisin, pays qui a été le théâtre de deux coups d’État en quelques mois. Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique qui ont fait en près de sept ans plus de 2 000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers. (Le Parisien)

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