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Terrorisme : une menace tenace au SAHEL

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Neuf ans après le début de l’intervention française au Mali, les groupes jihadistes n’ont pas disparu, ni du pays ni de la région. Les soldats de Barkhane et de Sabre ont eu beau tuer chef après chef, y compris leurs plus hauts dirigeants, les organisations leur ont survécu et ont essaimé. Elles ne se cantonnent plus au nord Mali, elles se sont disséminées, jusqu’au golfe de Guinée. «La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace jihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest», indique l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans une note publiée le 11 février.

Deux groupes prédominent : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, selon l’acronyme arabe) et l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Le premier est né en 2017, après avoir agrégé des factions jihadistes actives au nord Mali. Il est dirigé par Iyad Ag Ghali, un touareg, qui a fait allégeance à Ayman al-Zawahiri, le dirigeant d’Al-Qaeda. Le second est apparu juste avant, à la fin 2016, à la faveur de la défection d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui, l’un des responsables d’Al-Mourabitoune, l’un des groupes alors majeurs du jihad sahélien. L’homme, originaire du Sahara occidental, se place alors sous la bannière de l’Etat islamique (EI).

Organisations ennemies

Comme ailleurs dans le monde, les deux organisations sont ennemies. Elles se combattent régulièrement, sur le terrain et à coups de communiqués. Les affrontements se concentrent aujourd’hui dans la région de Gourma, au Mali, une zone d’extraction d’or, selon un rapport du Comité de sanctions de l’ONU publié le 3 février. Dans cette guerre fratricide, le Jnim a pris le dessus. Son adversaire, encore plus radical, a plus de mal à recruter et ses chefs sont régulièrement éliminés par des frappes françaises.

En janvier 2020, lors du sommet de Pau, Abou Walid al-Sahraoui est désigné comme l’ennemi prioritaire. Le 17 août 2021, il meurt de ses blessures après un bombardement d’un drone français dans la zone dite des trois frontières, entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Sa mort, qualifiée de «succès majeur» par Emmanuel Macron, sera officialisée un mois plus tard. Le 20 décembre, un autre dirigeant de l’EIGS, Soumana Boura, est tué dans une frappe aérienne au nord de la ville nigérienne de Tillabéri. Il était l’un des auteurs de l’assassinat de six Français, ainsi que leur chauffeur de leur guide, dans le parc de Kouré.

La filiale d’Al-Qaeda dans la région n’a pas été épargnée. Au fil des années, plusieurs chefs de premier plan ont été éliminés : Mokhtar Belmokhtar, un ancien du GIA algérien, rallié à Al-Qaeda en 2015 ; Abdelmalek Droukdel, ancien dirigeant d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) ; Bah Ag Moussa, chef militaire du Jnim.

Mais malgré leur position haut placée, leur mort n’a pas empêché la branche sahélienne d’Al-Qaeda de fonctionner. «Le Jnim a réussi à éviter toute vacance des fonctions de commandement et de contrôle grâce à une planification minutieuse de la succession aux postes concernés face aux opérations antiterroristes intenses menées par les forces internationales», indique l’ONU. La filiale de l’Etat islamique dans la région, qui compte entre 400 et 1 000 combattants selon la même source, a elle-nommé un nouveau chef, Abdoul Bara al-Sahraoui, un logisticien qui a notamment opéré en Libye.

Série d’attaques

Se réorganisant constamment, les deux organisations ont donc pu continuer à prospérer vers le Sud. Leur offensive ne se limite pas au Mali, où la capitale Bamako est désormais menacée, le «cocon de sécurité» s’étant réduit à un cercle de 40 kilomètres autour de la ville, selon l’ONU. «Les terroristes financent déjà des hommes qui se disséminent en Côte-d’Ivoire et au Bénin», déclarait en février le directeur de la Direction générale des services extérieurs français. Les 8 et 10 février, une série d’attaques dans la partie béninoise du parc W a tué neuf personnes, dont un instructeur français, ancien militaire âgé de 50 ans. Elles n’ont pas été revendiquées mais le plus probable est qu’elles soient l’œuvre du Jnim.

Au Burkina Faso voisin, un autre groupe affilié à Al-Qaeda, Ansaroul Islam, multiplie les attaques, tandis que des factions criminelles basculent dans le jihad. Le Togo ne semble pas plus épargné. Le 9 novembre 2021, une attaque a pour la première fois ciblé des forces de sécurité à Sanloaga. Selon l’Ifri, «elle a été repoussée par les forces togolaises mais elle fait probablement basculer le Togo du statut de zone d’approvisionnement logistique à celui de territoire d’opération». (Libération)

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