Peu après, en 2017, le pouvoir burundais, a instauré un contrôle strict de la pratique. Les tambours sont interdits lors des mariages par exemple. Des tambourinaires battent avec précision leur énorme tambour de bois, « joyau national » du Burundi inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 2014. Cette troupe est considérée comme la plus importante de ce pays qui en compte de dizaines, professionnels et amateurs. Une tradition qui remonte au 17e siècle. Elle se transmet de père en fils dans certaines familles.
» Ce n’est pas seulement mon père qui battait le tambour, mais tous mes arrière-grands-parents. c’est notre destin, parce que c’est dans notre sang, ce n’est pas pour l’argent. « , explique Oscar Nshimirimana, chef d’une troupe de tambourinaires.
Si plusieurs tambours ont disparus, deux rares qui existent encore à l’image de Ruciteme et Murimirwa, sont précieusement conservés dans une case à Gishora, en raison de leur aspect historique.
« L’importance de ces tambours dans le pays est qu’ils étaient battus une fois par an à l’occasion de la fête nationale d’Umuganuro où le roi présentait ses vœux à son peuple pour la nouvelle année, comme le fait actuellement le président de la république dans son message à la nation le dernier jour de l’année civile. », expliqueJulien Shurweryimana, batteur.
L’identité culturelle du tambour au Burundi est réglementée. Et les autorités veillent au grain. Pas question donc de toucher à tout vent aux tambours.
« Ce n’est pas l’UNESCO qui va protéger ce patrimoine culturel, c’est notre pays. C’est la raison pour laquelle après l’inscription (à l’UNESCO, ndlr), nous avons décidé de réglementer cette pratique. », déclare Aimable Nkunzumwami, conseiller du ministre de la culture.
En février, une troupe de tambourinaires s’est produite lors d’un festival… En costumes noirs. Véritable sacrilège. Elle a été suspendue pour six mois.
« Je ne peux pas dire que ce sont des punitions mais des règles qui doivent être appliquées parce que la culture burundaise interdit certaines pratiques comme les tambours lors des mariages, ce qui a eu un grand impact sur les marchés que nous avions.. », souigne Calixte Irantije, ingénieur de 27 ans.
Mais pour Pacifique Nininahazwe, un des leaders de la société civile en exil. « Le tambour n’appartient plus au citoyen burundais, il appartient au gouvernement ». (euronews)