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Colombie : plus de 120 défenseurs des droits de l’homme tués en 2022, Petro reprend l’armée en main

Le chiffre est en augmentation de plus de 30% par rapport à 2021. Le président Gustavo Petro qui a pris ses fonctions le 7 août a promis une paix totale. Mais la violence ne cède pas. Samedi soir, les nouveaux chefs des armées, terre, air et marine, ont prêté serment devant le premier président de gauche de l’histoire du pays, élu en juin dernier.

Carlos Rincon était ce qu’on appelle ici un leader social, explique otre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf. Il vivait à Puerto Wilches, un petit port fluvial à 400 kilomètres au nord de Bogota. Les autorités savaient que Carlos Rincon était très menacé. Le département dit de Protection des personnes avait envisagé de lui envoyer un gilet pare-balles et un garde du corps. Trop tard. Carlos a été assassiné vendredi.

À Puerto Wilches, comme dans de nombreuses régions du pays, mafias, guérilleros et paramilitaires se disputent le contrôle du territoire et de la population. Tous ces groupes armés qui vivent du trafic de drogue agissent à l’occasion avec la complicité de l’armée et de la police. Depuis l’investiture de Gustavo Petro, sept leaders sociaux ont encore été assassinés.

Le nouveau président sait qu’il y a urgence. Plusieurs mesures ont été annoncées, qui jouent la carte de la prévention. Les policiers et les militaires devraient désormais perdre des points et de l’avancement si des crimes sont commis dans leur juridiction. C’est une approche très nouvelle de la sécurité.

L’armée change de têtes

Et cette nouvelle politique sécuritaire a commencé le 12 août, cinq jours après l’intronisation du nouveau chef de l’État. Ce jour-là, Gustavo Petro, premier président de gauche en Colombie, a remplacé tout le commandement militaire, police compris, soulignant que sa mission serait désormais « la réduction de la violence, de la criminalité, et une augmentation substantielle du respect des droits de l’homme et des libertés publiques ».

Il a notamment nommé comme commandant en chef le général Helder Fernan Giraldo, et installé le général Henry Armando Sanabria à la tête de la police, sous l’autorité du ministère de la Défense, et dont Gustavo Petro a déjà promis une « transformation profonde » avec son passage sous un nouveau ministère de tutelle. Avec ces nominations, le nouveau pouvoir de gauche a précipité le départ d’une trentaine de généraux de l’armée et de la police, du jamais-vu et un séisme à la tête de cette institution.

Après des années de violences « fratricides » en Colombie, l’armée colombienne a vocation à « construire la paix » et à devenir « une armée de paix », a plaidé samedi soir le président Gustavo Petro, à l’occasion de la prise de fonction officielle du nouveau commandement de l’armée.

« Que cela signifie-t-il pour l’armée? (…) Il ne s’agit pas de remplacer un général par un autre (…). L’armée doit non seulement se préparer à la guerre, mais elle doit aussi se préparer à la paix, terminer comme une armée de paix », a souligné le président de 62 ans, ancien membre d’une guérilla urbaine d’extrême-gauche dans les années 1980 et que l’armée colombienne avait alors durement combattue.

 Après six décennies de conflit contre la guérilla des FARC (désarmés avec l’accord de paix de 2016), toujours en lutte contre les multiples groupes armés opérant dans les provinces du pays (et notamment les dissident des FARC et la guérilla guévariste de l’ELN), l’armée continue de bénéficier d’un large soutien populaire.

Mais des scandales ont entaché sa réputation : des alliances avec les paramilitaires sanguinaires, des cas de complicité avec le Clan del Golfo (le plus grand gang de la drogue du pays) ou encore l’exécution de plus de 6000 civils faussement présentés comme des guérilleros tués au combat entre 2002 et 2008.

Après six décennies de conflit contre la guérilla des FARC (désarmés avec l’accord de paix de 2016), toujours en lutte contre les multiples groupes armés opérant dans les provinces du pays (et notamment les dissidents des FARC et la guérilla guévariste de l’ELN), l’armée continue de bénéficier d’un large soutien populaire.

Mais des scandales ont entaché sa réputation: des alliances avec les paramilitaires sanguinaires, des cas de complicité avec le Clan del Golfo (le plus grand gang de la drogue du pays) ou encore l’exécution de plus de 6000 civils faussement présentés comme des guérilleros tués au combat entre 2002 et 2008.

Les mandats d’arrêt contre les négociateurs de l’ELN suspendus

Le président colombien a par ailleurs annoncé samedi la suspension des mandats d’arrêt et d’extradition émis à l’encontre des négociateurs de la guérilla de l’ELN, actuellement à Cuba pour tenter de relancer le processus de paix. « J’ai autorisé (…) la suspension des mandats d’arrêt contre ces négociateurs, la suspension des ordres d’extradition (…) afin que le dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN) puisse commencer », a déclaré M. Petro à l’issue d’un conseil de sécurité à San Pablo (nord).

Le président colombien s’est dit confiant que le futur processus de paix avec la dernière organisation rebelle en Colombie soit « rapide et expéditif ». 

La délégation de l’ELN à Cuba, qui a eu une première rencontre la semaine dernière avec des représentants du gouvernement, est composée de dix personnes et dirigée par un de ses commandants, Pablo Beltrán. Les États-Unis ont réclamé l’extradition de 11 rebelles, accusés de trafic de drogue, mais aucun ne fait partie de la délégation.

Après la signature d’un accord de paix historique avec l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) en 2016, des négociations avaient été entamées avec l’ELN l’année suivante sous la présidence du prix Nobel de la paix Juan Manuel Santos (2010-2018), d’abord à Quito puis à La Havane.

Mais elles ont été interrompues par son successeur, le conservateur Ivan Duque, après un attentat contre l’école de police à Bogota, lors duquel 22 cadets, en plus de l’agresseur, avaient été tués en janvier 2019.

Selon les autorités, l’ELN compte actuellement quelque 2500 membres, contre environ 1800 au moment des négociations. Elle est surtout présente dans la région du Pacifique et à la frontière avec le Venezuela. (rfi.fr)

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