Un rapport du secrétaire général des Nations unies sur la situation sécuritaire au Mali a salué les efforts fournis par les autorités militaires de transition pour retourner à l’ordre constitutionnel. Le Conseil de sécurité regrette cependant la dégradation de la situation avec la multiplication des attaques terroristes qui ont fait des milliers de déplacés internes dans le pays.
Mais c’est surtout les échanges tendus entre le ministre malien des Affaires étrangères et l’ambassadeur de France auprès de l’Onu lors d’une réunion du Conseil de sécurité ce mardi (18.10.) qui ont retenu l’attention des Maliens.
La France accusée de soutenir le terrorisme
Allaye Bocoum, de la Convention pour le Mali et soutien des autorités militaires de transition, rappelle la thèse du gouvernement malien : la France soutiendrait les groupes djihadistes dans le pays. C’est elle qui serait donc responsable des échecs de la lutte contre les groupes armés.
Selon lui, « le monde entier est témoin du fait que le Mali désire juste qu’on lui donne l’aubaine de démontrer que la France est derrière les terroristes et que le Mali a des preuves. Je crois que le représentant français auprès des Nations unies a donné l’occasion au Mali de réitérer sa demande tout en demandant à la France de s’impliquer pour qu’il y ait une séance sur ce thème. Et vraiment si le Mali insiste, cela veut dire que le Mali détient beaucoup de preuves. »
Du côté du cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, Amadou Aya de la Convergence pour le développement du Mali, déplore pour sa part la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, notamment dans le centre du Mali d’où il est originaire.
Manque de confiance
L’échange tendu entre le Mali et la France de l’a pas surpris.
Amadou Aya estime que « chacun est dans son rôle. La France est dans son rôle lorsqu’elle dit qu’elle réfute les accusations du Mali. C’est aussi de bonne guerre que le Mali a demandé à travers son représentant que cette affaire soit examinée. »
Selon le blogueur Abdoulaye Guindo, de la plateforme Benberé, l’enjeu est de taille pour la junte qui désigne ainsi la France responsable de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
D’après lui, « ces jeux de mots prouvent que les deux parties se regardent en chiens de faïence et que la confiance est loin de revenir. Je pense que si le Mali a des preuves et que la France est vraiment coupable, elle ne va pas mettre en œuvre tout ce qu’il faut pour que le Mali ait cette réunion au cours de laquelle on pourra présenter les preuves. Donc, moi je pense que c’est aux autorités maliennes de réunir toutes les conditions pour avoir cette réunion. »
Nouveaux interlocuteurs, nouvelles relations
Moctar Sy, du mouvement Génération engagée, affirme de son côté que les priorités au Mali sont ailleurs. Il estime que « les autorités françaises doivent comprendre que les interlocuteurs maliens ont changé, que les relations ont évolué, et qu’elles doivent s’adapter. Quant aux autorités maliennes, elles doivent privilégier le dialogue, continuer à échanger avec toutes les parties, tous les amis, tous les partenaires du Mali pour faire face aux priorités. » Ces priorités sont selon Moctar Sy la sécurité des Maliens et l’organisation d’élections pour un retour à l’ordre constitutionnel.
La publication du rapport du secrétaire général des Nations unies sur le Mali intervient dans un contexte marqué par le choix des autorités militaires de se tourner vers la Russie pour combattre les groupes djihadistes dans le pays. (dw.com)