Le Sénégalais a raté le Ballon d’or, distinction suprême du football mondial. Mais sa deuxième place derrière le Français d’origine algérienne Karim Benzema est une quasi-victoire. Il s’apprête désormais à participer à la Coupe du monde.
On se contente souvent de ce que l’on a, parfois même en oubliant que l’on pourrait revendiquer davantage dans le contexte ambiant. « Déçue en bien », selon l’expression suisse, l’Afrique célèbre la deuxième place du podium du Ballon d’or 2022, celle du Sénégalais Sadio Mané, titulaire du Bayern Munich, champion d’Afrique de football et Ballon d’or africain.
Que l’Afrique rate la consécration suprême pourrait être source de déception, si l’on considérait que le continent était déjà lauréat de la distinction en 1995, en la personne du Libérien George Weah, aujourd’hui président de son pays. Une déception somme toute relative, si l’on considère que Mané est tout de même le premier Africain à remonter sur le podium depuis Weah. Une déception partielle, si l’on considère que Mané a quatre ans de moins que l’élu du moment, Karim Benzema.
« Presque-sacre »
Une déception quasi évaporée, si l’on considère que du sang africain coule aussi dans les veines du meilleur joueur de l’année, les deux parents du lauréat français étant algériens : sa mère oranaise et son père kabyle. Inutile, d’ailleurs, de compulser de nombreuses biographies en mode « statistiques ethniques » pour déceler l’africanité du football actuel, européen sinon mondial. Une africanité que les nationalistes ne tardent jamais à souligner…
Sadio Mané continue de tracer une route très populaire, débutée dans le village casamançais de Bambali. Et il n’est pas revenu bredouille de cette cérémonie du 17 octobre. Le Sénégalais a été récompensé du premier Prix Socrates pour ses nombreuses actions sociales. C’est aussi cette réputation d’humanité débordante qui tranche avec les comportements capricieux de quelques stars actuelles surpayées du ballon rond. Celui qui affirmait préférer « aider les gens que d’avoir dix Ferrari » n’avait donc peut-être pas tant besoin d’un ballon bling-bling…
Pour couronner le « presque-sacre » encourageant de l’enfant de la Teranga, le prochain grand rendez-vous footballistique étant la phase finale de la Coupe du monde, qui débute le 20 novembre, les Africains s’enorgueillissent d’un fait inédit : les cinq équipes africaines engagées dans la compétition qatarienne seront pilotées par des entraîneurs du cru. Le Marocain Walid Regragui entraîne les Lions de l’Atlas, de même que le Tunisien Jalel Kadri, le Ghanéen Otto Addo, le Camerounais Rigobert Song et le Sénégalais Aliou Cissé sont chargés de leurs pays respectifs. Qui sera sur le podium ? (Jeune Afrique)