Près d’un mois après l’ouverture du procès du massacre du stade de Conakry, Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba », a comparu ce mercredi 26 octobre pour la quatrième fois.
Vêtu d’un boubou d’un blanc pur, « Toumba » s’est présenté à la barre pour la quatrième fois ce mercredi matin. Après les passages de l’ancien secrétaire d’État Moussa Tiegboro Camara et du capitaine Marcel Guilavogui, qui ont nié les faits qui leur sont reprochés, « Toumba » avait promis toute la vérité, rapporte Matthias Raynal à Conakry.
L’ancien aide de camp de Moussa Dadis Camara a donc continué de ruiner leur défense. Il a affirmé avoir vu Moussa Tiegboro Camara et Marcel Guilavogui au stade, le 28 septembre 2009, et a présenté l’ex-chef de la junte comme le grand ordonnateur.
Leurs avocats ont eu l’occasion de riposter, alors que les conseils des 11 inculpés avaient conclu un accord pour ce procès : ils devaient se contenter d’interroger leurs clients. Les déclarations de « Toumba » ont fait voler en éclats la relative unité affichée jusqu’ici.
C’est désormais du chacun pour soi. Toute la journée, « Toumba » a été passé au gril. Sa version des faits a été remise en cause par les avocats de la défense. Une situation qui profite largement aux parties civiles. Restée silencieuse mercredi, Me Halimatou Camara, avocate des parties civiles, a ainsi salué lors de la suspension d’audience de la mi-journée cette prise de parole de « Toumba ». Un discours de vérité qui, selon elle, tranche avec les dénégations des semaines précédentes.
Des propos sulfureux tenus lors de l’audience
Cette journée d’audience a failli déraper à cause d’une expression mal interprétée et assimilée à du communautarisme, note aussi notre correspondant Mouctar Bah. Me Djibril Kouyaté, le bâtonnier de l’ordre des avocats, a dû intervenir pour rappeler ses collègues à l’ordre et éviter que les débats s’égarent :
« J’ai jugé nécessaire d’intervenir parce qu’il y avait des propos qui se tenaient dans la salle d’audience qui n’étaient pas dans l’intérêt de l’unité nationale, surtout que ces propos venaient de certains jeunes confrères. Avec ce genre de propos, il pouvait y avoir des incidents assez malheureux dans l’opinion et dans le public. »
Dans ce procès, l’ancien aide de camp du capitaine Dadis Camara brille par sa verve et redore son image, analyse le bâtonnier Kouyaté : « J’ai l’impression qu’il est en train de gagner la bataille de l’opinion. Je suis le procès, comme tout le monde. Les autres sont dans la dénégation totale. Lui a quand a eu à faire des déclarations qui ont permis au public de comprendre un peu ce qui s’est passé le 28 septembre. »
Mais Me Emmanuel Bamba, l’un des avocats de la défense, dit tout le contraire : « Monsieur « Toumba » a fait des déclarations qui le rattrapent aujourd’hui. Il nie tout en bloc. Et donc, pour lui, toutes les pièces qui se trouvent dans le dossier, leur contenu, ne lui sont pas opposables. « Toumba » sait que les preuves sont tellement accablantes, et donc, il veut tirer d’autres accusés pour tomber avec eux dans le trou. »
Ce procès, retransmis tous les jours en direct sur certaines chaines de télévisions privées locales, a été suspendu jusqu’à lundi prochain. La comparution d’Aboubacar Sidiki Diakité va se poursuivre. (rfi.fr)