La France et le Mali jouent les prolongations dans leur crise diplomatique.La réponse du Mali n’a pas tardé suite à l’annonce de la suspension de l’aide française au développement destiné à ce pays d’Afrique de l’Ouest. Bamako a décidé d «interdire avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire ».
Selon le communiqué du 21 novembre signé du Premier ministre par intérim de la transition, le colonel Abdoulaye Maïga, cette décision du gouvernement respecte les « principes définis par le gouvernement » articulés autour « de la souveraineté du Mali », du « respect des choix des partenaires opérés par le Mali » et « la prise au compte des intérêts du peuple malien dans les décisions ».
Rappelant que la déclaration de Paris « n’est qu’un subterfuge destiné à tromper l’opinion publique nationale et internationale aux fins de déstabilisation et d’isolement du Mali », Bamako indique que « la France a notifié » depuis février 2022, « par voie diplomatique la suspension de sa coopération au développement en faveur du Mali ». « Nous prenons note et regrettons la décision des autorités maliennes de la transition », a réagi au lendemain le ministre français des Affaires étrangers, regrettant « une décision qui intervient malheureusement au détriment de la population malienne ».
Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), le Mali a reçu 121 millions de dollars d’aide publique au développement de la France en 2020. L’Organisation des nations unies estime que 7,5 millions de personnes au Mali ont besoin cette année de 4,5 millions de dollars. Mais le gouvernement malien explique que sa décision « contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée d’une part dans et dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes opérant sur le territoire malien ».
Cet épisode est le énième d’une série d’actes posés de part et d’autres depuis plusieurs mois entre la France et le Mali, dans un contexte de rapprochement entre la Russie et ce pays sahélien en proie à une crise sécuritaire depuis une dizaine d’années. Après que le président français a annoncé en juin 2021 la « réarticulation de l’opération Barkhane », au Sahel, la junte malienne a dénoncé « un abandon en plein vol » et a, dans la foulée, fait appel aux « mercenaires » de la compagnie militaire privée russe, Wagner, selon les chancelleries occidentales.
Depuis, leur relation n’a cessé de se dégrader, accélérant le départ des soldats français et la « fin officielle » de Barkhane annoncée début novembre par Emmanuel Macron. (Journal du Cameroun)