Tout a commencé le samedi 15 avril 2023 dans la matinée. Des premiers échanges de tirs sont entendus à Khartoum entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », et celles des Forces armées soudanaises dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan.
Longtemps concentrés à Khartoum et dans certaines villes du Darfour, dans l’Ouest, les combats ont quasiment gagné tout le pays, poussant des milliers de civils sur les routes de l’exil.
Hager Ali, chercheuse à l’Institut allemand d’études mondiales et régionales (GIG) explique ainsi que « le Soudan n’a pas seulement besoin d’un accord de paix, car les divisions entre les différentes composantes du pays sont profondes ».
Selon l’experte « les problèmes liés au fédéralisme et au système politique couvaient également depuis des décennies et continueront de saboter la paix s’ils ne sont pas résolus ».
Deux hommes au destin lié
En 2019, après la chute de l’ancien dictateur Omar El-Béchir, Mohamed Hamdan Daglo devient le numéro deux du Conseil militaire de transition, puis du Conseil de souveraineté, tous deux présidés par le général Abdel Fattah al-Burhan.
Deux ans plus tard, le 25 octobre, un coup d’Etat militaire mené par le général Abdel Fattah al-Burhan des Forces armées soudanaises (FAS), soutenu par son adjoint et chef des Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR), le général Mohamed Hamdan Daglo, a renversé le gouvernement de transition soudanais, chargé d’élaborer une feuille de route démocratique et dirigé par Abdallah Hamdok.
Cependant, Abdel Fattah al-Burhan n’a pas réussi à créer un gouvernement dirigé par des civils. Mohamed Hamdan Daglo et lui finissent d’ailleurs par se brouiller au sujet de l’intégration des paramilitaires dans l’armée soudanaise, à la mi-avril 2023.
Selon Tareq Sydiq, chercheur et auteur du livre « La nouvelle culture de la protestation », « l’une des forces du mouvement d’opposition soudanais résidait dans les partis politiques, les syndicats et les organisations de la société civile. Mais aussi un large éventail de comités de résistance clandestins ».
Toutes les initiatives de paix pour réconcilier les deux protagonistes et faire cesser les armes ont échoué. L’Egypte et le Qatar soutiennent financièrement et militairement l’armée soudanaise. Tandis que les Emirats Arabes Unis livrent des armes, via le Tchad, aux paramilitaires de Hemedti.
Ces pays ont nié leur implication dans ce conflit qui a fait fuir, selon l’Onu, plus de neuf millions de personnes réparties entre le Tchad, la Libye, l’Egypte et le Soudan du Sud.
Drame humanitaire
Neuf millions de Soudanais ont ainsi fui les combats et ont trouvé refuge dans les pays voisins. Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance, le nombre de graves violations des droits des enfants a augmenté de 1.000%, c’est pourquoi, l‘Unicef, appelle à ne pas abandonner des millions d’enfants brisés et met en avant les graves violations des droits des enfants – notamment les enfants tués,mutilés, enlevés, recrutés de force, et victimes de violences sexuelles – qui »ont augmenté de 1.000% en deux ans » et se sont propagées à travers le pays.
Le nombre d’enfants tués ou mutilés est par exemple passé de 150 cas vérifiés en 2022 à une estimation de 2.776 pour 2023 et 2024.
Par ailleurs, Londres accueille ce mardi (15.04) une conférence sur le Soudan, avec l’objectif de mobiliser la communauté internationale pour mettre fin au conflit qui dévaste depuis deux ans jour pour jour ce pays où plus de 30 millions de personnes ont « désespérément besoin d’aide ».
La guerre civile au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts et plus 13 millions de déplacés et réfugiés, plongeant le pays de 50 millions d’habitants dans une crise humanitaire majeure, selon l’ONU, qui dénonce aussi la famine qui se répand.
Enfin, le secrétaire général de l’ONU s’est inquiété du flux d’armes et de combattants vers le Soudan, qui permet la poursuite d’une guerre « brutale » depuis désormais deux ans.