Les forces armées maliennes célèbrent ce jeudi 20 janvier 2022, leur 61e anniversaire. À cette occasion, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, s’est exprimé mercredi soir sur l’ORTM. Il a rendu hommage à « l’engagement, la bravoure et la solidarité » dont font preuve les soldats maliens engagés depuis une dizaine d’années dans la guerre contre les groupes terroristes.
Le colonel Assimi Goïta s’est surtout félicité des « lourdes pertes » infligées ces dernières semaines à ces groupes par les forces maliennes. Il a également rappelé l’effort des autorités de transition pour assurer un meilleur « plan de carrière » aux soldats et pour les doter de nouveaux moyens opérationnels avec l’« acquisition d’armements majeurs », aériens et terrestres.
Le président de la Transition a également rappelé la création au Mali d’une école de guerre, pour former les futurs cadres de l’armée, et la signature de nouveaux accords militaires avec certains pays. La Russie n’est pas nommément citée ni la France, alors que le colonel Assimi Goita a aussi justifié par la prise en compte des « intérêts vitaux » du Mali la relecture « de certains accords militaires ».
Derrière ces mots, il est néanmoins clairement question l’accord avec la France. Si le président de la transition n’a pas apporté de précisions, son Premier ministre l’a fait. « Il n’est plus question de demander l’autorisation de survoler certaines parties de notre territoire », a déclaré Choguel Maïga dans un entretien diffusé samedi dernier sur l’ORTM la télévision d’État. Selon lui, un aéronef malien s’était vu « il y a quelques mois » refuser le survol de la zone de Tassiga, dans le Nord, au motif qu’il serait passé au-dessus d’un terrain d’entraînement de la force Takouba. « Nous allons nous donner les moyens d’aller partout », avait poursuivi Choguel Maïga, en rappelant que le Mali s’était doté ces derniers mois de nouvelles capacités aériennes. Des hélicoptères russes en l’occurrence.
De source militaire française, c’est le ministère malien des Affaires étrangères qui a envoyé le 31 décembre au quai d’Orsay, par l’entremise de l’ambassade de France au Mali, des propositions d’amendements aux accords de coopération militaire et de défense actuels. Il s’agit en particulier du texte sur le statut de la force Serval au Mali, datant de 2013, révisé en 2014 et en 2020 au moment de l’arrivée de Barkhane puis de Takouba. Texte qui prévoit une totale liberté d’action des forces françaises, dans le cadre de leur appui aux forces maliennes.
« L’aviation malienne est montée en puissance »
Sollicité par RFI, le ministère malien des Affaires étrangères n’a pas souhaité préciser davantage ses demandes d’amendements. Aucun détail supplémentaire de la part de la diplomatie française qui indique laconiquement être « en train d’examiner » la demande malienne. Côté militaire, on assure qu’en aucun cas la France ne délivre d’autorisation, encore moins d’interdiction, de survol, aux forces maliennes. On reconnaît en revanche une nécessaire « coordination », assurée par l’armée française du fait de ses capacités matérielles. « Lorsque nous sommes arrivés en 2013, rappelle un haut-gradé français, l’aviation malienne était balbutiante. Depuis, elle est montée en puissance. »
Selon cette source, la réponse de Paris aux propositions d’amendements de Bamako prendra encore « au moins une dizaine de jours ». Pendant ce temps, les vols militaires français se poursuivent « sans entrave ». La moitié de ces vols serait consacrée, selon cette même source, à appuyer les forces maliennes. C’est d’ailleurs le cas actuellement dans la zone de Boulikessi, où l’aviation française mène une opération de réassurance au profit des Famas « pour appuyer une relève de poste ».
C’est dans ce contexte qu’un vol de l’armée allemande s’est vu interdire le survol du Mali, ce mercredi. C’est Berlin qui l’a annoncé. Quant aux avions de la Minusma, ils sont toujours cloués au sol depuis le début de la semaine. Les discussions avec les autorités maliennes se poursuivent en vue d’un règlement de la situation. (rfi.fr)