Le Premier ministre tunisien désigné, Hichem Mechichi, a annoncé lundi 24 août la composition d’un gouvernement de « technocrates » sans étiquettes politiques qui sera soumis à l’approbation du Parlement.
Le Premier ministre désigné, Hichem Mechichi, a présenté tard lundi son futur gouvernement, le second en six mois en Tunisie, composé essentiellement de technocrates, et qui doit encore obtenir l’approbation du Parlement.
De nombreux partis parlementaires se sont dits mécontents d’avoir été écartés du cabinet, tout en évoquant la nécessité de voter la confiance à ce gouvernement pour éviter d’entraîner le pays, déjà à la peine économiquement, vers des législatives anticipées.
Huit femmes
Le futur cabinet compte huit femmes sur 28 ministres et secrétaires d’Etat, dont nombre sont peu connus du grand public. Parmi eux, des hauts fonctionnaires, des universitaires ou des cadres du privé. Un patron de banque, Ali Kooli, prend la tête d’un ministère centralisant Economie, Finances et Investissement. Les Affaires étrangères ont été confiées à Othman Jarandi, un diplomate de carrière ayant déjà occupé ce poste en 2013. Le ministre de la Défense, Ibrahim Bartagi, est un universitaire, selon plusieurs médias.
M. Mechichi, un énarque de 46 ans, fait ainsi fi des appels du parti d’inspiration islamiste Ennahdha et de son allié libéral Qalb Tounes, à former une équipe politique comprenant des membres des différents partis. Hichem Mechichi est le troisième chef du gouvernement désigné depuis les élections législatives d’octobre 2019, qui avaient accouché d’un Parlement éclaté en une multitude de formations antagonistes. Le principal parti, Ennahdha, n’a qu’un quart des sièges, et peine à former une coalition.
Un Premier ministre choisi par Ennahdha avait échoué en janvier à convaincre une majorité de députés. Le chef du gouvernement actuel, Elyes Fahfakh, nommé par le président Kais Saïd, a été poussé à la démission en juillet par Ennahdha, sur fond de soupçon de conflit d’intérêt.
M. Mechichi, actuel ministre de l’Intérieur, a lui aussi été choisi par M. Saïd, mais son cabinet ne comprend que quelques ministres sortants.
Priorité aux questions sociales
Le sort du gouvernement doit être décidé lors d’une session exceptionnelle du Parlement dans les dix jours qui viennent.
Le gouvernement devra alors obtenir le soutien d’au moins 109 députés sur 217. A défaut, le président Saïd, très critique du système parlementaire partisan, pourrait dissoudre l’Assemblée et déclencher des élections anticipées pour début 2021.
Le président Saïd, un universitaire sans expérience du pouvoir largement élu en octobre 2019 sur fond de défiance envers la classe politique aux affaires depuis la révolution de 2011, a fait des questions sociales sa priorité.
Outre la gestion du rebond du Covid-19, le gouvernement devra reprendre les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), dont le programme quadriennal a expiré au printemps, s’attaquer au chômage atteignant désormais 18%, et tenter de réformer l’important secteur public, largement déficitaire. (Rfi.fr)