« Du balai ! » : des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche 20 septembre à Minsk, en Biélorussie, pour une nouvelle marche de protestation contre la réélection du président Alexandre Loukachenko, malgré les pressions policières.
Vêtus de rouge et de blanc, les couleurs de l’opposition, les manifestants ont défilé sur l’avenue des Vainqueurs et se sont rendues vers le palais de l’Indépendance, la résidence d’Alexandre Loukachenko, dans le nord-ouest de la capitale, a constaté un journaliste de l’AFP.
Depuis la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko, le 9 août, des manifestations d’une ampleur historique se tiennent chaque week-end pour exiger le départ du chef d’Etat, au pouvoir depuis 26 ans.La stratégie secrète de Poutine pour mettre Loukachenko à genoux
« Du balai ! »
Ce dimanche, les protestataires ont marché à nouveau dans une ambiance festive, agitant des drapeaux rouges et blancs. « Du balai ! », scandaient-ils à l’attention d’Alexandre Loukachenko.
« C’est en restant unis et en faisant pression en permanence qu’on pourra se débarrasser de Loukachenko », a affirmé à l’AFP Valeri Kouptsevitch, un retraité de 72 ans participant à la manifestation.Face à la dictature, la solitude des Biélorusses
Des slogans visaient également le président russe Vladimir Poutine, soutien majeur d’Alexandre Loukachenko dans cette crise qui secoue la Biélorussie depuis un mois et demi.
« Poutine, retire ta fourchette de la patate biélorusse ! », ont lancé des protestataires, en référence à l’une des productions agricoles emblématiques de cette ex-république soviétique.
Plus de 100 arrestations
Les manifestants se sont rassemblés malgré le déploiement à Minsk de véhicules blindés, de canons à eau, et des pressions de la police. En tout, plus de 100 personnes ont été arrêtées dans le pays, selon le groupe de défense des droits humains Viasna. L’ONG a identifié au moins 80 interpellations à Minsk. Selon elle, au moins 47 personnes ont également été appréhendées au cours de manifestations en province, en particulier à Gomel, Brest et Grodno.
La militante Nina Baguinskaïa, 73 ans, devenue une figure du mouvement contre le président Loukachenko, a notamment été interpellée, avant d’être rapidement relâchée.
Le Conseil de coordination de l’opposition a mis en garde contre « une nouvelle phase dans une escalade des violences contre des manifestants pacifiques ».« L’ampleur de la mobilisation est inédite en Biélorussie, tout comme la répression »
Réfugiée en Lituanie, la leader de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, qui revendique sa victoire lors de l’élection du 9 août, a affirmé samedi, citée par son service de presse, que les « Bélarusses étaient prêts à faire tomber l’anonymat de ceux qui obéissent à des ordres criminels ».
Le président Alexandre Loukachenko refuse de s’incliner et a demandé l’aide de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a promis un soutien sécuritaire à Minsk si nécessaire et promis au Bélarus un prêt de 1,5 milliard de dollars. (L’Obs)