Moins de dix jours après avoir annoncé que les ressortissants de dix pays du continent étaient désormais totalement ou partiellement persona non grata aux États-Unis, l’administration envisage d’étendre le « travel ban » à 25 pays africains supplémentaires.
Les réactions au “travel ban” américain du 4 juin dernier ne semblent guère avoir ému Donald Trump. Il y a moins de deux semaines, Washington annonçait interdire totalement l’entrée aux ressortissants de douze pays, dont sept africains, et imposer des restrictions partielles à sept autres, dont trois du continent, dans le but de « protéger les États-Unis face aux terroristes étrangers ». Désormais, l’administration américaine envisage d’étendre les restrictions de voyage ou interdictions totales d’entrée aux ressortissants de pas moins de 36 pays supplémentaires, dont 25 sont africains. Les pays visés ont 60 jours pour répondre à une liste de « conditions de sécurité » édictée par Washington.
Après le Tchad, le Congo ou encore la Libye, c’est désormais ni plus ni moins que la moitié du continent qui pourrait être frappée par cette mesure discriminatoire. La liste des pays potentiellement ciblés par cet épisode 2 de la deuxième saison du « travel ban » trumpien (à consulter en intégralité à la fin de cet article*), comprend le Niger et le Burkina Faso, mais aussi des pays de la Cedeao comme le Sénégal, le Ghana, le Bénin, la Côte d’Ivoire ou le Nigeria, de même que le Cameroun ou le Gabon, en Afrique centrale, ou encore l’Ouganda, la Tanzanie et la RDC.
Réactions contrastées
Le quotidien américain Washington Post et l’agence Reuters ont révélé le contenu de cette liste, qui figurait dans une note interne signée par le secrétaire d’État Marco Rubio envoyée le 14 juin aux diplomates des trente-six pays concernés. Tous ne le seraient pas pour les mêmes raisons. Certains seraient victimes du mauvais comportement de leurs ressortissants dont un nombre trop important aurait, aux États-Unis, « dépassé la date limite de leur visa ». D’autres se verraient reprocher « trop de fraudes dans l’administration ».
Les pays ciblés par la première vague d’interdiction ou de restriction avaient réagi de manière pour le moins contrastée. Invoquant « la dignité et la fierté » de son pays, le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno avait immédiatement rétorqué en appliquant les mêmes restrictions aux ressortissants américains, au nom des « principes de réciprocité ». Brazzaville avait pour sa part évoqué « un malentendu », affirmant que le Congo n’entretenait aucun lien avec quelque terroriste que ce soit.
La Commission de l’Union africaine avait pour sa part très diplomatiquement exprimé sa préoccupation quant au « possible impact négatif de telles mesures sur les relations interpersonnelles, les échanges éducatifs, commerciaux et, plus largement, les relations diplomatiques soigneusement entretenues depuis des décennies ». Les jours qui viennent diront comment réagiront les pays ciblés par ce nouveau volet du “travel ban”.
(*) La liste des 25 pays potentiellement frappés par le « travel ban » : Angola, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Cameroun, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo, Djibouti, Égypte, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Liberia, Malawi, Mauritanie, Niger, Nigeria, São Tomé-et-Príncipe, Sénégal, Soudan du Sud, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe.
Afrique – États-Unis : Donald Trump veut bannir 25 pays supplémentaires