À 40 jours du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire, l’ex-président Henri Konan Bédié a lancé un appel à la « désobéissance civile » au risque d’entraîner une nouvelle escalade de la tension dans le pays, déjà touché par des échauffourées à l’annonce de la liste des candidats retenus pour le scrutin.
L’ex-président de la Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié, a appelé dimanche 20 septembre, au nom de l’opposition, à la « désobéissance civile » face à la « forfaiture » de la candidature controversée du chef de l’État Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 31 octobre.
« Face à la forfaiture, un seul mot d’ordre : la désobéissance civile », a déclaré Henri Konan Bédié, salué par un tonnerre d’applaudissements à la fin d’une grand-messe qui a réuni les principaux partis de l’opposition au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a constaté l’AFP.
L’ex-chef d’État (1993-99) s’est érigé en leader de l’opposition depuis qu’il a rompu il y a deux ans avec Alassane Ouattara. Il n’a pas précisé de modalité d’action pour cette « désobéissance civile », une formule qui a été préférée à un boycott de la présidentielle, une hypothèse évoquée auparavant.
Pas de stratégie commune de l’opposition
Chassé du pouvoir par un coup d’État militaire en 1999, Henri Konan Bédié espère toujours y revenir : à 86 ans, le chef du PDCI est l’un des quatre candidats retenus pour la présidentielle par le Conseil constitutionnel.
À ses côtés dimanche étaient présents Assoa Adou, le secrétaire général du Front Populaire Ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, et Zié Koné pour le mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) de Guillaume Soro, considérés comme les autres forces principales de l’opposition ivoiriennes – ainsi que d’autres petits partis.
Était absent en revanche l’opposant Pascal Affi N’Guessan, l’un des candidats à la présidentielle, leader de l’aile dite « réformiste » du FPI, qui s’oppose à l’aile « légitimiste » pro-Gbagbo.
Si l’opposition est unanime contre la candidature à un troisième mandat d’Alassane Ouattara, longuement qualifiée de « forfaiture » et de « violation de la Constitution » dimanche par les orateurs, elle peine à trouver une stratégie commune face au pouvoir, et aucune union électorale n’a pour l’instant été annoncée.
Crainte de violences meurtrières
Même si l’opposition dit vouloir « restaurer l’État de droit et la démocratie », selon Henri Konan Bédié, cet appel à la « désobéissance civile » pourrait entraîner une nouvelle escalade de la tension en Côte d’Ivoire, à un peu plus d’un mois de la présidentielle.
La crainte de violences meurtrières est forte dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, dix ans après la crise post-électorale née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3 000 morts.
Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de la candidature du président Ouattara à un troisième mandat. Des échauffourées ont eu de nouveau eu lieu mardi dans plusieurs localités après l’annonce du Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.
L’opposition demande la dissolution de la Commission électorale indépendante et du Conseil constitutionnel, qu’elle estime « inféodés » au pouvoir et donc pas à même d’organiser une élection « transparente ».
Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara, 78 ans, avait annoncé en mars qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. (France24/Afp)