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Loukachenko bastonne, l’Europe sanctionne

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Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont approuvé ce lundi l’ajout du président biélorusse à la liste des sanctions déjà votées au début du mois. Cela fait suite à la répression particulièrement brutale des manifestations de dimanche.

Alexandre Loukachenko a soufflé le chaud et le froid ce week-end. Samedi, le président biélorusse réélu frauduleusement en août s’est rendu à la prison des services spéciaux de Minsk pour rencontrer une dizaine de prisonniers politiques, pour certains membres du Conseil de coordination de l’opposition. La rencontre a duré plus de quatre heures, mais seules quelques minutes où Loukachenko assure que «la Constitution ne s’écrira pas dans la rue» ont été rendues publiques. 

«Dialoguer avec des prisonniers, c’est admettre votre propre faiblesse. C’est facile d’avoir une table ronde avec des otages», a souligné Pavel Latouchko, ancien haut fonctionnaire du régime, et désormais membre du Conseil de coordination. «Il n’y a pas de dialogue entre les murs d’une prison. Le seul but de Loukachenko est d’affaiblir notre mouvement de protestation», a complété Svetlana Thikanovskaïa, la cheffe de file de l’opposition.

Pour le dirigeant biélorusse, l’objectif de la rencontre pourrait avoir consisté à faire pression sur les membres de l’opposition emprisonnés, en leur proposant de sortir de prison en échange de leur participation au processus de réforme constitutionnelle lancée par le pouvoir. Deux hommes qui ont participé à la rencontre ont d’ailleurs été libérés depuis et l’un d’eux a confirmé devoir travailler sur la réforme. 

Passages à tabac

A l’inverse, dimanche, l’ambiance n’était plus à la conciliation, même de façade. La manifestation hebdomadaire contre la réélection de Loukachenko, qui réunissait environ 100 000 personnes, a été réprimée de manière particulièrement brutale à Minsk. Plus de 700 personnes ont été arrêtées, dont des volontaires de la Croix-Rouge et une quarantaine de journalistes. Des vidéos de passage à tabac ont envahi les réseaux sociaux dès les premières heures de la manifestation. Ces violences se sont ensuite poursuivies à l’abri des regards, dans les fourgons de police et les commissariats. Dans l’un de ceux de Minsk, c’est un quart des personnes arrêtées qui ont dû être conduites à l’hôpital après avoir été interrogées. Mais les canons à eau, les grenades assourdissantes et les matraques ne semblent pas suffire au ministère de l’Intérieur, qui menace désormais d’avoir recours aux balles réelles. 

Face à cette course en avant des autorités biélorusses, l’Union européenne a décidé de hausser un peu le ton lundi. A l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, l’UE s’est dite prête à adopter des sanctions visant directement Alexandre Loukachenko. Elles consistent en «une interdiction de voyager [dans l’UE] et un gel des avoirs», précise le texte de la décision approuvée à l’unanimité, qui doit encore être publié au journal officiel de l’UE pour entrer en vigueur. Elles s’ajouteront alors à celles déjà votées au début du mois d’octobre contre une quarantaine de hauts responsables du régime. 

Mesure symbolique

L’inscription de Loukachenko lui-même sur la liste des sanctions est une demande récurrente de l’opposition biélorusse. L’Allemagne, la France et l’Italie s’y étaient opposés en septembre, pour garder une marge de manœuvre dans les discussions. Après plusieurs semaines de répression, force est de constater que cette stratégie a échoué. «Rien ne s’est amélioré en Biélorussie. La violence du régime de Loukachenko et l’arrestation de manifestants pacifiques se poursuivent. J’ai suggéré que nous lancions un nouveau paquet de sanctions et que Loukachenko fasse partie des personnes sanctionnées», a expliqué Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères, avant l’entame de la réunion. 

Pour autant la décision européenne est essentiellement symbolique. Loukachenko avait déjà été placé sur la liste noire de l’UE en 2006 et en 2011, après d’autres manipulations électorales et en raison de la répression des manifestations qui avaient suivi. Cela n’a jusqu’ici jamais menacé son pouvoir. (Libération)

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