L’ancien président du Kosovo Hashim Thaçi, inculpé de crimes de guerre lors du conflit contre les forces serbes, a plaidé non coupable lundi lors de sa première apparition devant un tribunal spécial à La Haye, aux Pays-Bas.
Son inculpation pour crimes de guerre est sans « fondement », selon lui. L’ex-président kosovar Hashim Thaçi a plaidé non coupable lundi 9 novembre, lors de sa première apparition devant le tribunal spécial de la Haye pour le conflit entre le Kosovo et la Serbie. Il a démissionné de la tête du pays jeudi pour faire face aux accusations.
« L’acte d’accusation est totalement dénué de fondement, et je plaide non coupable de tous les chefs d’accusation », a déclaré l’ancien chef politique de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) et inculpé pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés durant la guerre d’indépendance (1998-1999). Cela après l’énumération des différents chefs d’accusation retenus contre lui.
Peu de temps après l’annonce de sa démission jeudi 5 novembre, Hashim Thaçi avait été transféré au centre de détention du tribunal spécial (KSC), qui siège aux Pays-Bas, aux côtés de trois autres suspects.
Les quatre hommes sont soupçonnés de près de 100 meurtres, de disparitions forcées, de persécutions et de tortures. Ces actes auraient été commis entre mars 1998 et septembre 1999.
La CPI veut « réécrire l’histoire », se défend Thaçi
Au cœur de la vie politique kosovare depuis deux décennies, l’ancien président a constamment proclamé son innocence, accusant la justice internationale de « réécrire l’histoire ».
La guerre du Kosovo, opposant forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise, a fait plus de 13 000 morts, des Kosovars albanais pour la plupart. Elle s’est terminée quand une campagne occidentale de frappes aériennes, au printemps 1999, a contraint les forces serbes à se retirer.
Hashim Thaçi, qui a promis de « collaborer étroitement avec la justice », a comparu pour la première fois devant le KSC lundi à 15 h (heure locale) lors d’une audience publique à La Haye.
Démission pour répondre aux accusations
Président du Kosovo depuis 2016 et Premier ministre auparavant, l’accusé avait assuré qu’il démissionnerait de ses fonctions en cas d’inculpation formelle pour ces accusations de crimes de guerre.
Sa mise en accusation avait été rendue publique en juin par le tribunal spécial mais devait encore être validée par un juge.
Trois autres suspects ont été transférés à La Haye à ses côtés : l’ancien porte-parole de l’UCK et l’un des plus proches alliés politiques de Hashim Thaçi, Jakup Krasniqi, l’ex-patron du renseignement de la guérilla, Kadri Veseli, ainsi qu’une des figures marquantes de l’UCK, Rexhep Selimi.
Trois autres anciens membres de l’UCK avaient déjà été transférés à La Haye en septembre.
Ces différentes audiences ont pour but de s’assurer « que les droits de l’accusé, y compris le droit à une représentation légale, sont respectés » et que celui-ci « comprend les charges retenues contre lui », a indiqué le KSC.
« Guerre juste »
Ce tribunal spécial est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux et chargée d’enquêter sur des crimes commis par l’UCK pendant et après le conflit de 1998-1999. Ceux-ci ont principalement été commis à l’encontre de Serbes, de Roms et d’opposants kosovars à la guérilla.
La plupart des habitants du Kosovo, territoire qui a déclaré en 2008 son indépendance jamais reconnue par la Serbie, considèrent le conflit comme une « guerre juste » contre les forces de Belgrade. (France24)