Le président malien de transition, Bah N’Daw, s’est envolé ce jeudi matin pour Accra, capitale du Ghana. C’est la première étape d’une tournée régionale de six jours. Le chef de l’État malien se rendra ensuite au Togo, au Sénégal et en Guinée-Bissau.
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo exerce la présidence tournante de la Cédéao, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, qui surveille de près, depuis le coup d’État du 18 août dernier, le processus de transition malien. Ce n’est donc évidemment pas un hasard si c’est Accra qui a été choisie pour la toute première sortie officielle du président de transition, Bah N’Daw, hors des frontières maliennes.
À Koulouba, on précise d’ailleurs que cette visite « fait suite à celle effectuée », le mois dernier, par Nana Akufo-Addo à Bamako, « dans la foulée de la levée des sanctions » que la Cédéao imposait au Mali depuis le coup d’État.
Les avancées du processus de transition semblent donc un sujet incontournable. La coopération bilatérale entre le Mali et le Ghana est également au programme. Quant à la suite de la tournée de Bah N’Daw, la présidence malienne indique simplement qu’il s’agit de répondre à des invitations et de « raffermir les liens d’amitié » avec le Togo, le Sénégal et la Guinée-Bissau.
Une transition qui fait polémique
Mais à Accra les discussions seront peut-être un peu plus animées que prévu puisque la transition malienne commence justement à faire débat à Bamako. En effet, le contexte n’est pas forcément des plus favorables pour le président de transition, avec de plus en plus de voix qui s’élèvent pour dénoncer un supposé « accaparement » des organes de la transition par les militaires.
Il y avait déjà eu débat sur le président Bah N’Daw lui-même, civil, mais militaire à la retraite, sur les attributions du vice-président, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte qui avait pris le pouvoir en août dernier. Et aujourd’hui, c’est la composition du Conseil national de transition qui est au cœur de la polémique. Ce futur organe législatif n’a toujours pas été installé, et surtout les militaires y auront bien plus de représentants que les autres.
Le M5 mécontent
À commencer par le M5-RFP, la coalition qui avait mené la contestation populaire avant le coup d’État militaire. Choguel Maïga, le porte-parole du Comité directeur du M5, ne mâche d’ailleurs pas ses mots.
« Nous ne pouvons pas accepter que la lutte du peuple malien soit réduite à l’installation d’un régime militaire où même l’organe législatif de la transition va être dominé par les militaires, va être présidé par des militaires, les membres désignés par les militaires. C’est tout à fait inacceptable pour le M5 qui s’est battu pour que le Mali change. Ce n’est pas de la collaboration. Pour collaborer, il faut collaborer avec les forces qui se sont battues pour le changement », estime le porte-parole du M5.
Choguel Maïga qui ajoute à propos du voyage du président de transition au Ghana : « Nous n’appelons pas du tout l’étranger à interférer dans nos affaires. Nous voulons que les Maliens s’assument et entre nous régler nos problèmes. » (Rfi.fr)