La branche d’Al-Qaïda au Sahel a revendiqué, dimanche, l’attaque à l’engin explosif dans laquelle deux soldats français ont perdu la vie, samedi dans la région de Ménaka au Mali. Il s’agit de la deuxième attaque mortelle revendiquée par le groupe jihadiste en moins d’une semaine.
Cinq militaires français tués par des engins explosifs au Mali en quelques jours. C’est le bilan des attaques d’Al-Qaïda au Sahel en ce début d’année 2021, tandis que Paris réfléchit à réduire ses effectifs militaires dans la région.
L’attaque qui a coûté la vie à deux soldats en mission de renseignement samedi dans la région de Ménaka a été revendiquée par le groupe jihadiste, a affirmé dimanche 3 janvier Wassim Nasr, spécialiste des mouvements islamistes radicaux à France 24. Lundi dernier, trois soldats français avaient été tués lors d’une attaque également revendiquée par la branche d’Al-Qaïda au Sahel.
Cette série d’attaques démontre la volonté d’envoyer un message politique et d’utiliser l’opinion française pour faire pression sur le gouvernement afin que l’armée française se retire du Mali, selon Wassim Nasr.
« Le choix de ces deux zones n’est pas anodin », note l’expert. « Premièrement, la zone de Hombori (lieu de l’attaque de lundi, ndlr) où s’est rendu le chef d’état-major de l’Armée de Terre pour les fêtes de Noël pour marquer la présence française et l’aide aux forces maliennes (…) et pour Ménaka, c’est là que devait se déployer la force Takuba », affirme Wassim Nasr, en référence à l’unité militaire composée de forces spéciales européennes sur laquelle Paris met beaucoup d’espoir.
Pas de dialogue avec les jihadistes
Ces attaques mortelles surviennent alors que la France envisage une réduction des effectifs de la force Barkhane et se dit ouverte à des négociations avec des groupes sahéliens, à l’exception des directions d’Al-Qaïda et du groupe État islamique.
La force Barkhane, qui s’étend sur cinq pays du Sahel, a été étoffée de 600 soldats, ce qui a porté son effectif total à 5.100 en 2020. Elle a revendiqué la « neutralisation » de dizaines de jihadistes ces dernières semaines, au côté de la force du G5 Sahel.
Face à la persistance des violences jihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n’excluent pas d’engager des négociations avec des groupes armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch en août.
La France exclut toute discussion avec l’état-major du GSIM (acronyme de Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) qui « répond à la hiérarchie centrale d’Al-Qaïda », relevait le 21 décembre une source à la présidence française.
Elle se montre en revanche plus ouverte s’agissant d’éléments du GSIM qui « ont un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional », ajoutait cette source. (france24/afp)