C’est ce 20 janvier, que Joe Biden, le nouveau président américain, entrera officiellement en fonction. En Afrique, on espère en général que l’administration Biden montrera davantage de respect que l’administration Trump, que le nouveau président et ses ministres effectueront des voyages sur le continent. Que les progrès enregistrés ces dernières années en termes d’investissements privés seront poursuivis. Et que les Etats-Unis renforceront leurs efforts en vue d’assurer un retour à la paix dans les régions instables.
Mais vue d’Europe aussi, les attentes sont énormes. La politique climatique,les négociations avec l’Iran, le rôle de l’Otan, la politique commerciale… autant de dossiers sur lesquels l’Union européenne sera amenée à échanger avec la nouvelle administration américaine.
La question de l’autonomie stratégique
Selon Jana Puglieri du Council on foreign relations de Berlin, les Européens se réjouissent de la fin de l’administration Trump mais elle soutient néanmoins l’idée du maintien de l’autonomie stratégique des Européens qui s’est développée au cours des dernières années.
« Paris craint que les ambitions des Européens ne s’endorment à nouveau » estime l’experte qui poursuit « et à Berlin, il y a une incertitude sur la victoire étroite de Biden et le fait de savoir que les Etats-Unis ne seront peut-être pas là pour toujours. »
Pour le ministre français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, l’Europe doit donc assumer plus de responsabilités, notamment en ce qui concerne la coopération en matière de protection du climat, de sécurité et de politique commerciale.
« Nous ne pouvons et ne devons pas laisser de côté ce concept d’autonomie stratégique. L’Europe doit définir ses propres valeurs et défendre ses propres intérêts. Pas contre avec les Etats-Unis, bien sûr, nous devons travailler ensemble. J’espère que nous travaillerons mieux ensemble avec cette nouvelle administration Biden-Harris. Le partenariat a besoin d’un nouveau départ. »
Le dossier sensible des accords commerciaux
Dans ce contexte, le nouvel accord UE-Chine, obtenu durant la présidence allemande de l’Union européenne, pourrait permettre un meilleur accès des investissements européens au marché chinois.
Mais il est critiqué par l’eurodéputé Reinhard Bütikofer, membre du groupe des Verts.
« Cela était malheureux, nous aurions dû prendre une meilleure option. Nous serons amenés à collaborer avec les Etats-Unis et ils devraient travailler avec nous » précise t-il.
Pour l’eurodéputé allemand, il ne s’agit cependant pas de demander l’approbation des Etats-Unis, avec qui la discussion au sujet de cet accord avec la Chine risque de ne pas être facile.
Mais alors que l’accord n’entrera en vigueur qu’avec l’approbation du Parlement européen, Reinhard Bütikofer prédit que d’ici là, les opportunités de discussion seront nombreuses.
Par ailleurs, la relation transatlantique pourrait être ouverte au-delà de l’axe Europe-Etat-Unis, pour une coopération plus étroite avec d’autres démocraties.
Du Canada au Japon, il devrait être possible de s’entendre sur des stratégies communes de sécurité, de défense et de commerce avec la Chine, l’Inde et l’Amérique latine. (dw)